Le Tapis: un mode d’expression socioculturel

Le Tapis: un mode d’expression socioculturel

GHARDAIA – Depuis la nuit des temps, des mains agiles de femmes ont valsé sur des métiers à tisser pour confectionner des tapis d’une laine légère et douce avec des motifs exprimant leur vécu, leur mode de vie et leur environnement sociologique.

Chaque tapis est porteur d’une forte symbolique et retrace une tranche de vie d’une femme artisane, son vécu et son milieu social, jusqu’à devenir une référence socioculturelle.

Les motifs, dessins lignes et autres trames que renferment chaque tapis, véhiculent l’imaginaire social et la tradition orale ancestrale, transmise de génération à génération, selon le milieu sociologique de chaque tisseuse et tisserande.

Ainsi, le tapis constitue une architecture mobile, un signe identitaire du savoir-faire, du savoir-être d’une population, d’une aire géographique précise, et chaque région se targue de ses propres symboles et motifs jalousement préservés et fidèlement transmis par ces œuvres d’arts ancestrales véhiculées par le tapis.

Parmi les régions qui excellent dans la symbolique artistique mise en œuvre dans la structure picturale des tapis et reflétant le véritable ancrage identitaire, figurent la Kabylie, les Aurès, le M’zab, Tlemcen, les Hauts Plateaux et le Djebel Amour.

Du tapis de Nemencha, à celui de Béni-Isguen en passant par ceux d’Ait Hichem, Ksar Chellala, Aflou et Laghouat, l’expression artistique propre à chaque région se révèle à travers les motifs, les lignes et les trames reproduites magistralement par les mains habiles des tisseuses. Chaque région se reconnait à travers les représentations, les formes et styles géométriques ingénieusement repartis, avec des couleurs subtilement mariées et choisies.

 

Une architecture et un symbolique propre à chaque région

 

A titre d’illustration, les tapis des régions de Djebel Amour, de Nador en allant vers Sougueur, Aflou, El-Bayadh et Laghouat, se distinguent par des dessins réalisés avec un mariage exclusif de trois couleurs (rouge, noir et blanc).

Le tapis de Ksar Chellala répond lui à un style de tissage bien particulier et comporte une multitude de couleurs et de motifs.

Celui de Ghardaia se caractérise par un motif central d’apparence végétal et un motif représenté par une ligne de palmiers avec deux couleurs (blanc cassé et noir).

Chaque symbole et couleur que comporte un tapis, témoigne d’une pratique sociale, d’un mode de vie propre à chaque région à une entité culturelle inspirée de son quotidien.

Il arrive à la tisseuse du tapi d’abandonner les contraintes stylistiques et l’austérité du réalisme pour se consacrer à des œuvres surréalistes où la liberté de la création est plus épanouie.

Le développement de cet artisanat du Tapis est lié à l’héritage culturel de chaque région qui, dans une large mesure, dépend de l’élevage soit du caprin, du bovin, de l’ovin ou du camelin, puisque les peaux de ces animaux sont utilisés, outre le tissage du tapis, pour la fabrication d’autres objets tels que les divans et les semelles en cuir pour ne citer que ceux-là.

La laine est, cependant, utilisée pour le tissage de tapis, des habits, des tentes des habitants des hauts plateaux et du Sahara.

Dans la perspective de valoriser et promouvoir cet art, le tapis traditionnel est au cœur des intérêts du secteur de l’artisanat durant toute la période de la 49ème édition de la fête du tapis qui s’est ouverte samedi dans la capitale du M’zab Ghardaïa.

APS

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