L’historien Gilbert Meynier appelle à la réalisation d’un manuel d’histoire franco-algérien

L’historien Gilbert Meynier appelle à la réalisation d’un manuel d’histoire franco-algérien

L’historien Gilbert Meynier a appelé, dans son dernier essai de synthèse historique, à la réalisation par des chercheurs français et algériens d’un manuel d’histoire franco-algérien pour donner une histoire à deux voies conciliées.

« Peut-on émettre le voeu que, dans la sérénité, soit médité la possibilité d’aboutir un jour à l’équivalent franco-algérien du manuel d’histoire franco-allemand qui a tenté de donner, au début du XIXe siècle, une histoire à deux voies conciliées surmontant un contentieux historique plus que séculaire », a écrit l’historien dans son dernier ouvrage « L’Algérie et la France : deux siècles d’histoire croisée » qui vient de sortir chez L’Harmattan.

Pour l’auteur, même si les chercheurs français et chercheurs algériens ne disent pas forcément la même chose et même si, dans leurs rangs respectifs, il y a des divergences, mais aussi des débats, « l’histoire commune franco-algérienne est si dense que toutes les tentatives d’échanges entre historiens libres doivent être encouragées », faisant remarquer que les historiens français, depuis la guerre de libération de l’Algérie, « ont considérablement évolué et il n’en reste guère plus aujourd’hui qui soient encore des thuriféraires de la colonisation ».

Après son analyse sur « La tradition historiographique française coloniale », « Le système coloniale entre politique et primat des armes »  et « Antécédents, l’évolution histoique sur la longue durée », Gibert Meynier forme le voeu que l’idée du manuel puisse connaître des développements « riches » pour aider à traiter « sereinement » de l’histoire d’un contentieux historique, à égalité entre Français et Algériens.

« Cela, autrement que par la célébration des +aspects positifs+ de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, ou l’invitation convenue à une +repentance+, à notre sens ce terme à connotation religieuse, devrait prendre la forme politique d’une reconnaissance de l’Etat français de responsabilité des traumatismes subis par les Algériens du fait de la domination coloniale française ».

L’historien affirme, dans ce sens, qu’il y eut en Algérie une « cruelle ambivalence de rapports avec des valeurs présentées comme universelles par le colonisateur ( ), mais bafouées par lui ou utilisées comme instruments de séduction, donc de pouvoir, et constamment truquées pour assurer la tuteur coloniale ».

Il fait constater, en conclusion de son ouvrage de 94 pages très riches en références bibliographiques, dont une quarantaine de pages consacrées aux notes et glossaire, que ni les Algériens ni les Français « n’ont le monopole de l’histoire de l’Algérie », relevant qu’il existe nombre d’historiens d’autres pays dont leurs travaux sont « largement ignorés », tant des publics algérien que français. Il veut pour exemple l’ouvrage de l’historien allemand Harmut Elsenhans sur la guerre de 1954-1962, publié en allemand en 1974 et traduit vers le français en 1999.

Cet essai de synthèse historique montre par ailleurs que, de 1830 à 1962, régna la loi des armes, jusqu’à la guerre d’indépendance qui fut in fine conclue par le politique, les Accords d’Evian, mettant en valeur qu’il y eut également un entrelacement algéro-français, le nationalisme algérien eut pour creuset originel les Algériens émigrés en France et, face au système colonial, le refuge dans l’islamo-arabité .

APS

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