L’université Paris-Nanterre ferme l’accès de ses masters aux étudiants non européens

L’université Paris-Nanterre ferme l’accès de ses masters aux étudiants non européens

L’université Paris-Nanterre a décidé de fermer l’accès de ses masters aux étudiants étrangers hors Union européenne pour l’année 2017-2018. Une « décision temporaire » qui suscite l’indignation de l’Unef et la « surprise » de la CPU. En cause, « des difficultés techniques » et « le climat d’incertitude entourant la réforme du master ».

La décision a été prise par l’université fin octobre mais annoncée en conseil d’administration lundi 30 janvier 2017. L’université de sciences humaines et sociales Paris-Nanterre a décidé de suspendre « temporairement », pour la seule année 2017-2018, l’accès de ses masters, licences professionnelles et DUT aux étudiants étrangers hors Union européenne, dont l’inscription passe par la plate-forme Campus France.

L’UNEF EXIGE LE RETRAIT DE LA MESURE

Cette décision surprend au vu de la tradition d’ouverture de l’université, connue pour avoir été au cœur des mouvements étudiants de mai 68. Et suscite l’indignation de l’Unef, qui « exige » que l’université revienne sur sa décision. L’organisation étudiante dénonce également « l’absence de consultation du conseil d’administration de l’université ».

« Dès la rentrée 2018, les choses reprendront comme avant, il s’agit simplement d’une suspension liée à un contexte très particulier« , se défend Jean-François Balaudé, président de l’université. Surtout, souligne-t-il, la décision ne concerne pas les licences, qui représentent le plus gros flux d’admissions d’étudiants étrangers hors Union européenne de l’université (430 étudiants en 2015-2016).

Il s’agit simplement d’une suspension liée à un contexte très particulier.
(J.-F. Balaudé)

L’an dernier, d’après le bilan de Campus France concernant les candidatures d’étudiants étrangers hors Union européenne, l’université Paris-Nanterre a reçu 14.000 demandes, toutes formations confondues.

UN CLIMAT D’INCERTITUDE AUTOUR DE LA RÉFORME DU MASTER

Le président de l’université justifie sa décision par « une situation inédite », « la conjonction malheureuse de plusieurs facteurs » empêchant de réunir les conditions nécessaires au bon examen de ces candidatures.

Première raison évoquée, un changement de logiciel au sein des services de la scolarité qui aurait entraîné d’importants bouleversements et mis les équipes sous tension. À cela, s’est ajouté, selon le président d’université, « le climat d’incertitude autour de la réforme du master« . Avec la mise en place à la rentrée prochaine d’une sélection à l’entrée du master, les services administratifs vont devoir traiter « un nombre considérable de dossiers ». Or « les équipes sont submergées ».

« Plutôt que de laisser ouvertes les inscriptions sur la plate-forme Campus France, et de ne pas examiner les dossiers, nous avons donc préféré ne pas donner de faux espoirs aux candidats« , argumente Jean-François Balaudé. D’autant plus, poursuit-il, que les taux d’admission sont « extrêmement faibles » : 5 % d’admis en master en 2016 (350 étudiants) et 0,12 % en licence professionnelle (1 étudiant).

MANQUE DE MOYENS DES UNIVERSITÉS

Il n’empêche, le signal politique envoyé embarrasse fortement la CPU (Conférence des présidents d’université). « Nous n’avions pas connaissance de cette décision et nous avons été d’autant plus surpris que Jean-François Balaudé ne peut être suspecté d’aucune réserve anti-étudiants étrangers », indique à EducPros Jacques Comby, président de l’université Lyon 3 Jean-Moulin et de la commission relations internationales de la CPU. Ce dernier analyse la décision du président de Paris-Nanterre comme « la volontéde jeter un pavé dans la mare« .

Nous n’avons pas les moyens nécesssaires pour faire face à la réforme du master et à l’afflux de nouveaux étudiants.
(J. Comby)

La vraie question derrière la décision de l’université de Nanterre est celle des moyens, avance le président lyonnais, tout en décrivant une situation dans les universités proche de l’asphyxie, face à la croissance permanente des effectifs. « Nous n’avons pas les moyens nécesssaires pour faire face à la réforme du master et à l’afflux de nouveaux étudiants en licence. Il y a eu un vrai effort budgétaire du ministère, que nous reconnaissons pleinement, mais cela ne suffit pas. Nous manquons de personnels administratifs et d’espace. »

LA MOITIÉ DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS À L’UNIVERSITÉ SONT AFRICAINS

Cela dit, conclut-il, « la réponse apportée par Nanterre ne correspond pas à la position de la CPU ni à celle de l’université Lyon 3. La France a besoin d’étudiants étrangers qui contribuent au dynamisme universitaire. Nous sommes tous d’accord sur ce point. »

Au cours de l’année 2015-2016, selon les données du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les universités françaises ont accueilli 225.366 étudiants étrangers, soit 14 % des effectifs globaux. 20 % avaient la nationalité d’un pays de l’Union européenne quand près de la moitié venaient d’un pays africain.

L’arbitrage de Nanterre reste, pour l’instant, isolé. « À ce jour, c’est la seule université qui a pris une telle décision pour l’année à venir », assure Pierre van de Weghe, vice-président relations internationales de l’université Rennes 1 et président du réseau des vice-présidents dans ce domaine.

Source: L’Etudiant

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