Le couscous, les chants kabyles et le bijou en argent proposés au classement comme patrimoine de l’humanité

Le couscous, les chants kabyles et le bijou en argent proposés au classement comme patrimoine de l’humanité

l ‘Algérie proposera au classement comme patrimoine de l’humanité trois repères de l’identité nationale qui sont le couscous, les chants villageois kabyles et le bijou en argent émaillés, a réaffirmé, jeudi à Tizi-Ouzou, le directeur du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et Historique (CNRPAH), le Pr. Slimane Hachi.

Invité à la première édition du Forum socio culturel de la Radio Tizi-Ouzou, le Pr. Hachi a rappelé que le couscous est un patrimoine culinaire qui rassemble tous les habitants de l’Afrique du nord et qui remonte à plusieurs milliers d’années.

Il a indiqué à ce propos que ce plat remonterait à plusieurs reprises millénaires, selon les résultats des dernières fouilles effectuées dans une grotte du côté d’Akbou (Béjaïa) qui servait d’habitat aux humains durant la période préhistorique, ou des graines de blé datées à plus de 4200 ans ont été retrouvées.

Le classement du Couscous, plat partagé avec les pays voisins se fera dans le cadre d’un dossier maghrébin qui sera proposée à l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) chargée de ces classements, a-t-il relevé.

S’agissant des chants villageois kabyles qui rythment la vie de la communauté, le Pr. Hachi a précisé que ce dossier englobera les Achewiq, Tivougharine, les berceuses les chants de mariage, circoncision, de décès.

Le dossier sur le bijou en argent émaillé, concernera évidemment le Bijou d’Ath Yenni (Tizi-Ouzou) qui est la région d’Algérie la plus connue pour la production de ce produit artisanal traditionnel, a-t-il ajouté.

Il a expliqué à propos des choix de classement que le Centre qu’il dirige opté pour les évènements les plus globalisant possible et les moins singuliers car l’UNESCO favorise ce genre de dossiers et non pas ceux qui vont vers « un particularisme exagéré de la culture », a-t-il expliqué.

Ces dossiers s’ajouteront aux trois autres déjà déposés par l’Algérie et qui sont instance de classement. Il s’agit du Taktar, (distillation d’eau de rose et de fleurs de bigaradier) de Constantine, le Rai (genre musicale issue du Bédoui) et le métier de Kiyaline el ma (les mesureurs d’eau).

Il a rappelé que l’UNESCO a déjà classé comme patrimoine de l’humanité, l’Ahellil du Gourara, le costume féminin nuptial de Tlemcen, le Rakb de Ouled Sidi Cheikh (El Bayadh), la fête de la Sbeiba de Djanet, les Sboû de Timimoune ainsi que l’Imzad.

Slimane Hachi a expliqué que le CNRPAH a également entamé un travail de renseignement du site d’Azrou n’thour (Tizi-Ouzou) célébré par quatre villages et qui rassemble chaque mois d’août des milliers de citoyens des quatre coins du pays.

Ce travail et d’autres menés à travers le territoire national permettront d’alimenter la banque de données sur le patrimoine national, qui fait partie des mesures engagées par l’Etat pour préserver le patrimoine national, a-t-il fait savoir.

La protection du patrimoine passe par sa réappropriation par la société

La protection du patrimoine culturel, a-t-il toutefois estimé, passe par son appropriation et sa réappropriation par la société, ce qui représente « la meilleur et la plus sure protection de cet héritage qui compose l’identité du peuple algérien ».

« Tant que la société ne se réapproprie pas sa culture, les mesures de sauvegarde mise en place par l’Etat risquent d’être vaines, d’où la nécessité d’instaurer cette culture de réappropriation du patrimoine parmi les populations », a-t-il insisté.

L’invité du Forum de la Radio locale a relevé que la protection du patrimoine, est « un acte de souveraineté d’un Etat », soulignant que les autorités locales doivent prendre les dispositions nécessaires pour assurer sa préservation.

Il a cité à propos de la préservation de sites historiques que leur classement par la proposition de dossiers à la commission de wilaya chargée de cette mission, oblige l’Etat à engager des mesures pour sa protection notamment par la mise en place d’une clôture et d’un gardien.

La réalisation d’inventaires est une autre mesure importante et « une action salvatrice » dans cette démarche de protection  a-t-il ajouté.

Revenant sur les démarches engagées par l’Algérie pour protéger son patrimoine culturel, le Pr. Hachi a observé qu’a la fin de la décennie noire, « période durant laquelle l’Algérien a été détourné de ses repères identitaires (culturels, cultuels et patrimoniaux), l’Algérie a engagé un processus de réapparition de cette identité ».

« En 1998 il y a eu la publication par le Ministère de la culture d’une loi pour la protection et la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel, avait compris l’importance de nous recentrer sur nous même », a-t-il indiqué.

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