Des spécialistes appellent à accélérer la transition énergétique en Algérie

Des spécialistes appellent à accélérer la transition énergétique en Algérie

ALGER – L’Algérie doit accélérer sa transition énergétique pour diversifier son économie et assurer sa sécurité énergétique à long terme, ont souligné mardi des participants à une rencontre organisée par le Forum des chefs d’entreprise (FCE).

Des responsables et des experts nationaux et étrangers ayant pris part à cette rencontre placée sous le thème « Quelles transitions énergétiques pour l’Algérie? » ont convergé sur la nécessité d’aller plus vite dans le processus de transition énergétique en mettant le cap sur le développement des énergies alternatives dont l’Algérie dispose d’un potentiel important comme le renouvelable.

Cette démarche permettra, outre la diversification du mixe énergétique du pays, de favoriser l’émergence de nouvelles filières industrielles, notamment dans les activités liées à la fabrication et l’installation d’équipements de production d’électricité d’origine solaire et éolienne dans le cadre de la mise en œuvre du programme national de développement des énergies renouvelables.

Dans cette optique, la secrétaire générale du ministère de l’Energie, Fatma Zohra Talantikite, a affirmé dans son intervention que l’Algérie « ambitionne, à travers ce programme, de faire des 20 prochaines années l’ère des énergies renouvelables ».

« L’inscription de la mise en place d’une capacité de 22.000 MW d’électricité de source renouvelable dont 4.000 MW d’ici 2020 a pour objectifs de contribuer à la préservation des ressources fossiles, protéger l’environnement mais aussi contribuer à l’émergence d’une industrie nationale du renouvelable qui favorisera la transition énergétique et le développement durable », a souligné M. Talantikite.

Selon la même responsable, l’Algérie comptera d’ici fin de l’année en cours 343 MW d’électricité issue de sources renouvelables (solaire et éolien), alors que 16 centrales cumulant une capacité de 195 MW sont déjà opérationnelles et « injectent de l’énergie d’origine renouvelable ».

Evoquant l’appel d’offre national et international relatif à la réalisation des 4.000 MW annoncé récemment par le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, Mme Talantikite a précisé que cet appel à investisseurs est actuellement en phase de finalisation au niveau du ministère.

Cet appel d’offre devant être lancé en 2017 exige « la réalisation d’investissements dans le domaine industriel ».

Il permettra aux investisseurs de réaliser des centrales sur des sites préalablement définis, « ce qui contribuera à la facilitation des procédures et démarches administratives liées à l’exécution des projets et ainsi accélérer la cadence de mise en œuvre », a-t-elle indiqué, ajoutant que des études sont en cours pour la connexion des futures installations au réseau de distribution d’électricité.

Un projet de décret pour encourager l’investissement dans le renouvelable

En outre, les services du ministère de l’Energie ont élaboré « un projet de décret sur la définition de la procédure d’appel d’offres pour le développement, l’encouragement et l’intégration des énergies renouvelables dans l’approvisionnement et la fourniture en énergie électrique en appliquant la meilleure tarification en matière de KWh et aussi de garantir l’achat de l’énergie produite par les investisseurs privés sur une période de 20 ans », a également fait savoir Mme Talantikite.

De son côté, le président du FCE, Ali Haddad, a déclaré que les énergies renouvelables « s’imposent comme l’alternative la plus sérieuse, la plus propre et commercialement la plus rentable ».

Il a, dans ce sens, affirmé que l’organisation patronale qu’il dirige « soutiendra toute politique publique qui encouragera les projets relatifs aux énergies renouvelables impliquant des technologies nouvelles et innovantes ».

Selon lui, la transition énergétique couplée à la diversification économique « doit favoriser l’émergence de nouvelles filières industrielles et offrir à l’économie un levier de croissance et de création d’emploi ».

M. Haddad a aussi annoncé l’organisation en 2017 par le FCE « d’une grande conférence pour encourager la production nationale de biens et de services dans le secteur de l’énergie », rappelant, au passage, que ce secteur a été inscrit parmi les thèmes phare devant être débattus à l’occasion du Forum africain d’investissement et d’affaires prévu du 3 au 5 décembre à Alger.

Pour sa part, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Said, a souligné que la transition énergétique devrait constituer « un élément clé de la réactivation de l’économie nationale ».

Le premier responsable de la centrale syndicale a observé que le développement des énergies renouvelables devrait représenter « le premier pourvoyeur d’emploi en Algérie » vu le volume important des investissements prévus dans ce cadre.

En effet, une quarantaine d’emplois pourraient être créés pour chaque méga watt (MW) d’énergie renouvelable produit, selon des données présentées lors de la rencontre.

Le président de la fondation « Energie pour l’Afrique » et ancien ministre français, Jean-Louis Borloo, qui était présent à la rencontre, a, quant à lui, mis l’accent sur la nécessité pour le continent africain de « rattraper le retard accusé en matière d’électrification ».

M. Borloo a jugé « inconcevable » que le continent africain qui détient le plus grand gisement énergétique renouvelable dans le monde soit en même temps la dernière région en matière d’électrification.

Dans cette optique, il a appelé l’Algérie à « prendre le leadership de l’action internationale visant à élargir la couverture de l’Afrique en réseau électrique ».

« Le miracle algérien est en route, mais il est indispensable pour le miracle africain », a-t-il conclu.

Sécurité énergétique: l’Algérie à l’abri sur le long terme

D’autre part, l’expert en énergie et ancien ministre algérien des Ressources en eau, Abdelmadjid Attar, a affirmé, chiffres à l’appui, que les réserves algériennes en énergies fossiles conventionnelles et non conventionnelles ont mis l’Algérie à l’abri de tout souci lié à sa sécurité énergétique même au-delà de 2040.

Cependant, la rente du pays restera dépendante des fluctuations du marché en l’absence d’une nouvelle approche énergétique, a-t-il prévenu lors d’une longue communication.

Par ailleurs, le cabinet de consultation en questions énergétiques Tell a présenté un projet initié par le FCE pour la contribution à la production des 4.000 MW d’électricité de source renouvelable projetée par les pouvoirs publics d’ici 2020 avec un déploiement initial de 500 MW.

Ce projet pourrait être concrétisé par un consortium regroupant opérateurs nationaux et étrangers, a expliqué Yacine Bouhara qui a présenté cette initiative.

Aps

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