Quelles perspectives pour le tourisme en Algérie ?

Quelles perspectives pour le tourisme en Algérie ?

L e tourisme est-il sur la bonne trajectoire pour jouer le rôle tant espéré de générateur de recettes hors Hydrocarbures ? D’autant que ce n’est pas la volonté politique qui manque en ces temps de vaches maigres qui incitent à trouver des ressources financières avant que les caisses ne se tarissent complètement sauf qu’il faut joindre l’acte à la parole.

Les lacunes sont innombrables, cependant l’Etat tente de faire avancer les choses notamment en matière d’infrastructures de base. Dans ce contexte, on annonce que, d’ici à quelques années, et au vu de la cadence qui y est imprimée, même si on n’atteindra pas les 500 000 lits à moyen terme (dixit Amar Ghoul), il n’est pas à écarter que presque la moitié sera atteinte. Des chiffres l’illustrent : 237 milliards de dinars, pour atteindre 7 millions de nuitées par an, sur une capacité d’accueil de 200 000 lits. Tel est l’objectif recherché derrière la validation de 1560 projets touristiques.

Rien qu’à Alger, il est prévu d’augmenter la capacité hôtelière, actuellement de 19 000 lits, à 44 000 lits par la réception de 25 000 nouveaux. Mais, pour l’heure, le secteur accuse un déficit de 26% sur les entrées et n’influe qu’à hauteur de 15% sur le PIB. Résultat réalisé par les 1136 établissements hôteliers de différentes catégories, dotés d’une capacité de 96 500 lits.

Le secteur, demeure subordonné à la concrétisation d’autres facteurs, telle la culture touristique, la formation du personnel, la libéralisation du foncier, et, d’une manière générale, la mise en œuvre d’une politique concertée avec les intervenants dans le domaine. Les prestations ne sont pas en reste. Car lorsqu’on sait que la standardisation en la matière ne dépasse pas le quart de la norme internationale, on est en droit d’être un tantinet pessimiste.

Le tourisme d’affaires privilégié  

Outre cela, le fait de se gargariser du nombre d’hôtels réalisés, de lits mis en place et de baigneurs ayant été « vus » par les éléments de la Protection civile (ce dernier facteur est à prendre avec des pincettes du fait de la manière erronée et non-scientifique avec laquelle il est comptabilisé), est vite compromis par un détail : le tarif appliqué des nuitées. Celui-ci n’est pas à la portée des bourses moyennes et encore moins aux petites bourses.

C’est dire que l’ampleur des investissements est vite battue en brèche par une facture que ne peut honorer que les entreprises solidement bâties et les particuliers de la classe huppée. Il a été à maintes fois répété que le tourisme en Algérie est un tourisme d’affaires, conforté par ce phénomène : la prolifération des projets de coopération avec les étrangers, dans le cadre d’investissements régis par la règle du 51/49. D’un autre coté, les propriétaires des établissements hôteliers ne sont pas blâmables sur tous les points, eux qui ne font le complet des réservations que durant les trois mois de l’été, rétréci en deux et à 1 mois et demi, Ramadhan oblige, ces dernières années. Autrement dit, ils tablent sur le maximum de recettes durant la saison estivale, les neuf autres mois du calendrier étant plutôt propices à l’hibernation.

Les neuf mois précités sont une aubaine, dans d’autres pays, notamment les voisins Maghrébins, pour l’organisation de manifestations s’inscrivant dans la perspective du développement du pays. Hôteliers, tours opérateurs, organisateurs, opérateurs économiques, hommes politiques, décideurs, tout le monde y trouve son compte. C’est ce qu’on appelle la mise en synergie des efforts. Mais pas chez nous !

On doit, dans ce sillage, développer une politique de l’événementiel qui nous fait défaut. Quoique celle-ci soit plus offensive dans la Capitale et ses environs (Tizi-Ouzou, Blida et Béjaia), que talonnent, depuis quelques temps années, Annaba et Constantine, mais surtout Oran, Sétif, Bordj Bou Arreridj et Batna, elle reste chancelante dans les autres régions, telle Skikda, Mostaganem, Chlef, à vocation touristique (balnéaire, forestière…) notamment.

Les camps de vacances : L’alternative

Selon Azzeddine Kerri, Dg des collectivités locales auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales (MICL), « l’Etat a réalisé 160 camps de toile pour la saison estivale 2016, dans le cadre d’un investissent global de 2 milliards de DA. ». En attendant que ce programme, présenté comme l’une des alternatives pour que le tourisme de masse ait ses lettres de noblesse, atteigne ses objectifs en la matière, on est vite rattrapé par la réalité, une sorte d’image d’Epinal: l’Algérien est ce touriste de luxe qui fait le bonheur de la Tunisie. Jusque la fin août de cette année, 1 touriste sur 3 était algérien.

Ainsi, 1 millions d’Algériens ont privilégié cette destination, soit plus que les Européens (904 000) et même les Tunisiens établis à l’étranger passant leurs vacances dans leur pays d’origine (844 000). Apparemment, le spectre des attentats terroristes n’a pas été dissuasif.

Les autres algériens qui n’y vont pas, constituent ces plagistes en quête d’un espace sablonneux pour l’occuper de déchets, faisant vite oublier la campagne de nettoiement initiée précédemment par les services communaux et/ou les entreprises, publiques et privées, chargées d’hygiène, et les Associations écologiques. Un constat navrant, mais il fallait le signaler.

Pour revenir aux camps de toiles, quelques wilayas ont commencé à le pérenniser dans leur programme estival. Les demandes de réalisation formulées par les privés sont assez importantes au niveau du Calpiref. Ceci augure de la multiplication de chances pour des millions de familles de goûter aux délices des séjours balnéaires et autres, et ce, à partir de 2017, date à laquelle, il est prévu leur généralisation progressive à l’échelle nationale. .

Les APC : Un moteur indispensable

Le secteur du tourisme est aussi l’affaire des collectivités locale. Les Assemblées populaires communales sont tenues de mettre en valeur leurs spécificités, via des plans de développement mais aussi des activités culturelles et artisanales, soutenue par une communication offensive et impactant la vie en communauté. Car, hormis les soirées  artistiques, organisées sur le littoral, on ne connait aux maries nul décaissement d’importance dans le but de redynamiser le tourisme, notamment à travers le fameux Comité des fêtes.

Ces soirées et autres festivals budgétivores, ont perdu de leur aura. Pourtant, des APC aisées ont des structures chargées du tourisme, de la culture et des affaires sportives, dotée d’un budget conséquent. Secret de polichinelle, cette dernière consentit l’essentiel de ses efforts pour la promotion des activités sportives au détriment des deux autres, en favorisant l’éclosion des clubs phares qui, à l’issue de la saison footballistique enregistrent de maigres résultats.

C’est au niveau des communes que, également, quelques formes du tourisme peuvent atteindre des résultats satisfaisants, notamment le thermalisme, le tourisme domestique, le tourisme culturel et cultuel. Par ailleurs, l’argent n’est pas toujours déterminant dans l’implication attendue. Pour la simple raison que pour installer une tente à l’entrée de la ville, pour distribuer des prospectus, des CD mettant en avant, les atouts de celle-ci et les indicateurs dont ont besoin les touristes, n’est pas une charge éprouvante.

Dans un monde où, en moyenne, le quart des réservations d’hôtels, de séjour et aériennes se font par Smartphone, il est encore tôt de dire qu’on a gagné la bataille de créer une industrie touristique pouvant rivaliser avec seulement nos voisins du Maghreb.

Terguini Abdelhamid directeur de l’aménagement touristique au ministère de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, le recommande implicitement. C’était lors de l’ouverture des 8ejournées internationales, marketing touristique, qui se sont déroulées, les 5 et 6 octobre, à Hilton (Alger), et ce, en dévoilant les cinq axes futurs. Et qui sont : un plan d’action dédiée à la destination Algérie, un plan pour la Qualité du tourisme, et un plan de financement en phase avec la conjoncture actuelle. A ceux-là s’ajoutent le développement de l’investissement et la promotion du Partenariat Public/Privé. Tout un programme.

ZAID ZOHEIR/Algérie Eco

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