Le drame des Algériens bloqués à l’étranger

Le drame des Algériens bloqués à l’étranger

Des milliers d’Algériens  sont toujours bloqués à l’étranger depuis plus de 8 mois suite à la fermeture des frontières algériennes pour cause de crise sanitaire. Aucun signe avant-coureur  n’annonce qu’elles seront ouvertes sur le court terme, d’autant que la situation sanitaire s’est nettement dégradée ces derniers jours en Algérie, mais aussi en Europe notamment.

En effet, depuis le 17 mars dernier, 30 863 Algériens ont été rapatriés via plus de 115 vols spéciaux d’Air Algérie et 4 traversées en sus des opérations de rapatriement à travers les frontières terrestres des citoyens bloqués en Tunisie, Libye et Mauritanie, mais les dessertes ont été suspendues depuis le 11 septembre dernier, et de nombreux Algériens restent toujours bloqués en dehors du pays. Les opérations de rapatriement se sont déroulées en quatre phases distinctes.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, les témoignages sont nombreux de familles déchirées qui n’ont pas pu enterrer un parent ou un proche en Algérie, de maris et femmes séparés depuis des mois qui n’ont pas vu leurs enfants et des jeunes et moins jeunes livrés à eux-mêmes à l’étranger sans ressources.

«J’ai envoyé des fax aux ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, plus mails et appels à l’ambassade et au consulat, avec le dossier de ma maman très malade que je voulais voir. Elle est décédée la semaine dernière, Allah yerhamha, j’ai fait cette fois la démarche avec le certificat de décès et aucune réponse non plus», témoigne Anissa. Pour elle, «fermer les frontières comme ça plusieurs mois c’est inhumain, ma maman se portait bien avant la fermeture des frontières, elle est tombée malade il y a quelques mois, et maintenant, elle est décédée et je pense que des milliers d’Algériens vivent des épreuves aussi difficiles».

Meriem crie sa colère sur Facebook : «Nous déprimons, rapatriez-nous, on a besoin de revoir nos maris qui se retrouvent seuls et on n’en peut plus moralement, sans ressources, on ne veut plus dépendre des autres.»

Chahrazed Lina est une Algérienne installée en France, plus précisément à Lyon. Contacté par El Watan, elle nous raconte son amère expérience : «Mon papa est parti le vendredi 13 novembre sans que je puisse le voir, ni le toucher ni lui dire ‘‘je t’aime papa’’. Je n’arrive toujours pas à faire mon deuil. J’ai appelé le consulat de Lyon et ils m’ont dit que ce n’est pas possible de partir en Algérie malgré cette épreuve.»

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Kheira Jasmine habite à Montpellier et la fermeture des frontières l’a privée de ses «deux enfants que j’ai pas vu depuis 8 mois». Un éloignement forcé, vécu comme une déchirure d’un lien affectif.

Karim est en France où il vit seul, «mes parents, ma famille et tous les miens sont là-bas, ma vie est en Algérie, je n’ai fait aucune démarche car j’estime qu’il y a des gens prioritaires. El khoubza m’a amené ici, mais j’ai l’impression d’être un Algérien de second zone ou puni».

Le maintien des frontières fermées sans aucune perspective d’ouverture ou d’allégement est mal vécu par la majorité des Algériens qui ont l’impression que cela fait une éternité qu’ils n’ont pas revu leurs proches. Un lien familial rompu brutalement par le coronavirus.

Désespérés, désemparés et désorientés, des milliers d’Algériens bloqués à l’étranger n’ont rien trouvé de mieux pour se consoler que de diffuser sur les réseaux sociaux leurs appels de détresse restés la plupart du temps sans réponse. Ils se posent de nombreuses questions : «Ne peut-on pas autoriser ces citoyens à rentrer chez eux en leur exigeant un test PCR et même un confinement à leurs frais ?» Ils restent attentifs au moindre communiqué officiel des consulats dans l’espoir de trouver, peut-être, une solution pour leur retour au pays.

Au ministère des Affaires étrangères, aucune nouvelle opération de rapatriement n’est annoncée officiellement. Cependant, certaines sources médiatiques affirment qu’une autre opération de rapatriement des Algériens bloqués à l’étranger sera organisée dans les prochains jours. C’est du moins ce qu’a indiqué la députée de l’immigration Amira Salim, citée par le journal arabophone Echorouk. Ces derniers auront une opportunité de regagner leur pays à travers «des liaisons aériennes spéciales».

Ces vols interviendront dans les prochains jours, selon la même source. Cette opération ne sera cependant pas ouverte à tout le monde. Elle sera exclusivement réservée à certaines catégories, dont les malades, les étudiants ainsi que les ressortissants dont les visas sont expirés. Ces vols spéciaux seront également destinés au rapatriement des dépouilles d’Algériens décédés à l’étranger.

Le député de l’émigration Noureddine Belmeddah avait déjà annoncé avoir eu des échanges avec les membres de la cellule de suivi, notamment avec le Dr Berkani Bekkat, à ce sujet. Il a indiqué que la cellule de ministère de la Santé n’est pas contre la proposition de reprendre les vols spéciaux de rapatriement.

Source: KAMEL BENELKADI/ ELWATAN

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