Autrement dit : Le Président aurait-il pris en considération les difficultés du peuple algérien ? « Gouverner c’est prévoir »

Autrement dit : Le Président aurait-il pris en considération les difficultés du peuple algérien ? « Gouverner c’est prévoir »

C ’est vrai que le Président, Abdelaziz , a fait de la paix un thème majeur pour son retour sur la scène politique algérienne et on s’en félicite car il est arrivé. Il avait senti mieux que les autres candidats que la conciliation et la concorde civile étaient un enjeu essentiel pour la cohésion sociale. D’où l’engagement maintes fois répété d’améliorer le sort des algériens et algériennes et que les jeunes « vivent mieux » durant ses deux mandats que lui confèrent la constitution, 1999 et 2004.

Sauf qu’à son troisième mandat, le naturel qu’on croyait avoir été chassé, revient à son galop, et que les démons du passé sont révolus ; mais non car Monsieur le Président, aux mains propres, décide, en 2009, pour motif de stabilité, de violer la constitution pour se représenter une nouvelle fois aux élections, s’offrant ainsi un boulevard sans panneau de signalisation, ni code de la route, ni contre pouvoir. Cet affichage présidentiel prend, désormais, davantage la forme d’un système généralisé.

En général un passeport pour l’inefficacité. Quant au débat ou conseil des ministres organisées régulièrement, des dizaines par jours au total et une grande absente : l’opposition. Pourtant des signaux ont bien été envoyés cependant. Par exemple sur l’emploi, la jeunesse et l’état financier du pays

Certes, mais d’une part leur mise en œuvre est poussive. Le gouvernement Ouyahia et ses successeurs ont même dû élargir les conditions d’accès aux emplois des jeunes pour espérer parvenir à éradiquer la pauvreté et les inégalités qui sont le nerf de l’endoctrinement, de la violence, de discriminations, en somme, acheter la paix sociale.

Et d’autre part, ce qui est plus inquiétant, les mesures phare prises ça et là semblent bien maigres comparé au sentiment de mépris des jeunes : la conviction de plus en plus ancrée qu’ils ne vivront jamais bien dans leurs pays. Et ce, parfois, malgré des études et une ténacité à toute épreuve.

Abdelaziz Bouteflika prend soin d’éviter toute réforme qui pourrait amplifier ce phénomène comme ce fut le cas des haraga « migrants clandestin » ou le commerce parallèle qui affaiblissent les commerçants. Mais ne rien faire d’hostile ne peut tenir lieu d’action positive. Et donc il a pris une autre forme d’immobilisme.

En quelque sorte oui : ne rien entreprendre qui pourrait entraîner le peuple dans la rue. Surtout quand on sait que dans cette catégorie de la population, il existe toujours une attente plus forte vis-à-vis des locataires du Palais d’El Mouradia. Notamment sur la misère et la pauvreté qui la frappe durement.

Rien, à ce jour, de substantiel sur le recours abusif aux hausses des prix des aliments de base  ou à la corruption et des passe-droits. Plutôt qu’un saupoudrage de meurettes, on attend encore la grande réforme phare. Une réforme emblématique à venir que la flexisécurité du marché du travail pour la jeunesse ou celle à venir des retraites qui ne fera pas, à juste titre, rêver les 18-35 ans.

Faute de réponses à la hauteur, l’Algérie se tourne vers sa manne pétrolière, profitant de l’inflation et la crise économique qui secoue l’Europe et l’Amérique, les deux puissances et hégémonies mondiales, distribuant l’argent, créant des emplois provisoire pour précariser encore plus les jeunes. Mais dans le même temps, le budget dédié au service public, hôpitaux, l’éducation, etc., est sans cesse en danger. C’est là un exemple parmi d’autres de signaux contradictoires envoyés au peuple.

D’un côté, une jeunesse anesthésiée par la promesse d’un avenir meilleur ou déjà résignée parce qu’elle ne voit rien venir. De l’autre, un gouvernement tétanisé par la crainte d’un mouvement d’humeur ou de fronde plus radicale que celle des années 1990. Au final, une combinaison tout sauf prometteuse. « Monsieur le président, mesdames et Messieurs les ministres, gouverner c’est prévoir »

Mokrane Maameri

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