A vol d’oiseau, on aurait dit une toute petite ville sur le littorale, une ville toute blanche perchée sur l’une des côtes les plus huppé d’Algérie. Assia Djebar nous offre ce joli panorama, une carte postale à travers sa plume et un splendide récit, quand bien même emprunt d’un brin de nostalgie, il est fantastique. En effet, elle raconte une histoire d’une fillette qui vit dans cette ville et grandit entre son père indigène devenu instituteur dans une école d’Algérie alors colonisé, et sa mère d’une beauté époustouflante et jeune. Livrée au vent du jasmin qui effleure ses narines, Assia Djebar évoque son éducation et les personnes qui l’ont marqué au premier rang son père, Tahar qui, malgré son penchant démocrate, demeure un dogme et fidèle à sa foi de musulman qu’il entend inculquer à sa fille, assurément.
Active dans la littérature, elle a publié des dizaines d’ouvrages, mais c’est la première fois que Assia Djebar compose un roman autobiographique dans lequel elle met en évidence un aspect important de sa vie privé et à plus forte raison sa condition de femme : Dans ce livre on y découvre une môme, puis une adolescente soif de liberté, mais elle porte un fardeau d’une tradition plus au moins drastique et un savoir qualifié d’enfant précoce. Partagée entre les deux rives de la méditerranée, entre l’Algérie et la France. Au-delà de la narration intime mais finement et intelligemment mesuré, elle rend un grand hommage à ses origines à l’Algérie et notamment à un papa quand bien même austère, il lui restait aimant, un papa comme tout les papas protecteur dont Assia Djebar a pu s’affranchir s’arrachant des griffes de son père austère pour devenir elle-même.
Née Fatima-Zohra Imalhayen en Algérie, vit en France, Assia Djebar nom d’auteur, pseudonyme qu’elle s’était donné, conjugue le passé et le présent comme seul moyen pour retrouver son identité, une identité écartelée entre deux cultures. En effet, l’auteure de par sa vision des choses avait déjà détecté les symptômes de la société de demain puisqu’on vit aujourd’hui une crise liée aux difficultés identitaire des jeunes issus de l’immigration considérés comme étrangers sur leur propre terre natale et français dans le pays d’origine de leur parent. Dans tel cas, comment s’imposer et se sentir à l’aise, épanoui alors que être binational devrait être une richesse, un pont et une paix en soi mais elle devient finalement un motif d’exclusion, voire menace à la cohésion sociale.
Nulle part dans la maison de mon père a tous les ingrédients d’un roman que l’on peut qualifier de roman thérapeutique puisqu’il témoigne d’une enfance passée dans les tourmentes et les contraintes.
« Dans cette maison-ci, dans cette famille, je vais certes continuer, par la suite, mon enfance. Mais, plus je ne verserai un tel torrent de larmes, non ! plus jamais là-bas mon cœur vibrant, ni ce tranchant du désespoir ! » p. 24
Nulle part dans la maison de mon père, roman d’Assia Djebar, Paris. Éd fayard. 2007, 407 p
Par Mokrane MAAMERI, Écrivan