Ombre et lumière de la finitude
Avec « Le Train d’Erlingen ou la métamorphose de dieux », le lauréat du prestigieux prix de la paix des librairies allemands (2011) l’algérien Boualem Sansal retrouve son terreau de prédilection de provocateur tranquille et ce, jusqu’à faire de lui une bête noire parce qu’il dérange à la fois le pouvoir central et les religieux souvent à sa trousse. Il s’en assume plus qu’il ne s’en cache. En témoigne « Le train d’Erlingen » qui s’inscrit encore dans les veines de son premier roman, Le serment des barbares (1999). Un roman dans lequel l’auteur s’inspire de désillusion et de l’horreur de la guerre civiles des années (1990) , et, même si l’écrivain assure dans un interview donné au monde du livre qu’il achèvera ce long cycle consacré à l’islamisme et il va se consacré à Abraham, le fondateur du monothéiste. Le titre, Le train d’Erlingen renvoie à l’Allemagne par le nom Erlingen et à la Shoah par le train, posait quelque part la question de Dieu et de sa responsabilité.
Les événements qui ont transformé en écrivain mal vu chez lui mais mondialement célébré se situent dans les premières années qui suivent l’indépendance de l’Algérie (1962) notamment avec le coup d’Etat du colonel Houari Boumediene (1965) et la dictature militaire qui s’ensuit. Ces faits inspirent au jeune Sansal un sentiment de révolte qui ne le quittera pas. Mais curieusement, à la lecture de son dernier roman Le Train d’Erligen, on s’apercevra que tous les personnages sont des femmes. Des femmes énergiques et dominantes, des femmes qui ont peuplé l’enfance du narrateur avec des références autobiographique, à l’image de sa grand-mère Saada Kouadri, transfiguré en Lalla Sadia, la charismatique tenancière de bordel de Rue Darwin dans une société patriarcale.
En s’inspirant de personnage Gregor Samsa, La Métamorphose (1915) nouvelle la plus célèbre de Franz Kafka (1883-1924), Boualem Sansal fait le parallèle à l’islamisme actuelle comme un système de pensée qui se brisent en mille morceaux : « nous somme tous comme la sœur de Gregor : on se réveille, on ouvre la porte de la chambre à coucher et on découvre un gigantesque cafard. La sœur continue à prendre soin du montre, car pour elle, c’est encore son frère » dit, Boualem Sansal
« Les religions sont des épines dans la conscience de l’homme. Leur bilan historique n’est guère reluisant. Il est temps de changer d’angle de vue, et de se montrer très méfiants à leur égard, elles sont terriblement malignes. L’homme doit accomplir son destin et non celui des dieux. » Extrait d’un entretien de Boaulem Sansal
Le TRAIN D’ERLINGEN OU LA MÊTAMOSPHORE DE DIEU, De Boualem Sansal
Par : Mokrane MAAMERI : Écrivain