L’Algérie assure plus de 70% de son alimentation par la production nationale, et le défi consiste à cibler les filières stratégiques pour faire face aux besoins alimentaires de base de la population, réduire les importations et relancer les exportations, a indiqué mardi à Alger un haut responsable de ministère de l’Agriculture.
« Aujourd’hui, l’Algérie assure plus de 70% de son alimentation par la production nationale. Elle dégage aussi des excédents pour certains produits qui lui permettent d’être présente sur le marché international dont les dattes, huile d’olive, produits maraîchers, pomme de terre et fruits », a précisé le secrétaire général au ministère de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Belkacem Chadi, lors d’un panel sur l’agriculture et l’agroalimentaire organisé en marge de la 26ème Foire de la production algérienne.
Selon lui, les réformes engagées par son ministère durant les deux dernières décennies, dans le cadre des différents programmes quinquennaux de relance de la croissance économique, ont permis au secteur de réaliser des résultats « très encourageants ».
Dans sa présentation du bilan de réalisation de secteur depuis 2000 jusqu’à 2016, il a relevé que la production des céréales est passée de 9,3 millions de quintaux (Mq) en 2000 à 34,3 Mq en 2016, en hausse de 268%.
La production nationale en blé dur est passée de 4,86 Mq à 19,3 Mq (+298%), alors que celle du blé tendre a enregistré une hausse de 83% en passant de 2,7 Mq à 5,02 Mq.
S’agissant de la tomate destinée à la transformation industrielle, sa production est passée de 4,7 Mq à 12,3 Mq (+160%), tandis que pour le maraîchage, sa production est passée de 33,08 Mq à 131,03 Mq.
Quant à la pomme de terre, sa production est passée de 12,07 Mq à 47,8 Mq entre les deux périodes de comparaison, alors que les dattes ont enregistré une hausse de 182% en passant de 3,6 Mq à 10,2 Mq.
Les viandes ont aussi enregistré une hausse dans leur production en passant de 2,5 Mq à 5,3 Mq (+114%), tandis que les viandes blanches ont atteint 5,1 Mq en 2016 contre 1,9 Mq en 2000.
Pour le lait, il a été produit 3,5 millions de litres en 2016 contre 1,5 millions de litres en 2000 (+127%).
D’autres produits ont également enregistré des hausses en matière de production: les œufs (+231%), l’avoine (+783%), les fourrages (+987%), les légumes secs (+241%), le tabac (+38%), les oignons (+383%) et la viticulture (+180%).
Néanmoins, a-t-il préconisé, cette dynamique de production doit être consolidée par le renforcement des capacités de transformation, de conservation et de stockage sous froid des produits agricoles notamment pour les fruits et légumes.
Aussi, l’amélioration du fonctionnement des circuits de distributions des produits agricoles et alimentaires, a-t-il insisté, doit être encadrée par une organisation interprofessionnelle efficace des filières et par l’avènement de la grande distribution moderne qui devrait induire une transformation positive de toutes les chaînes de valeur des filières agricoles et agro-industrielles.
Par ailleurs, il a fait savoir que la valeur de la production agricole a atteint plus de 3.000 milliards DA en 2016, soit l’équivalent de prés de 30 milliards de dollars, contre 359 milliards de DA (5 milliards de dollars) en 2000, soit une contribution substantielle du secteur de l’agriculture dans le PIB de l’ordre de 12% contre 8% en 2000.
Selon lui, le secteur emploie 1,24 million de travailleurs permanents auxquels s’ajoute l’insertion des jeunes diplômés du secteur avec la création de 22.253 micro-entreprises dans le segment de l’appui aux exploitations agricoles.
==Plusieurs défis restent à relever==
Il a, en outre, affirmé que l’un des défis à relever par le secteur agricole consiste à garantir une augmentation significative de la production nationale et sa valorisation optimale par une mobilisation rationnelle des moyens disponibles « en ciblant les filières stratégiques pour faire face aux besoins alimentaires de base de la population, réduire progressivement les importations et relancer les exportations ».
Evoquant les axes stratégiques de la politique agricole, il a cité la consolidation d’une politique agricole durable, la réduction du déséquilibre de la balance commerciale des produits agricoles de base et la contribution à la diversification économique.
Il s’agit également de la promotion des actions à destination des populations rurales, la conservation et la valorisation des ressources naturelles, le développement et la croissance durable des activités de la pêche et de l’aquaculture.
Dans ce cadre, M. Chadi a indiqué que la stratégie de son ministère vise à répondre au défi de la sécurité alimentaire avec un « nouveau modèle agricole structuré principalement autour de l’investissement privé comme nouveau moteur de la croissance agricole notamment dans le cadre de Partenariat public-privé et privé-privé ».
Ce modèle se repose aussi sur le développement soutenu des filières stratégiques dont les céréales, lait, fourrages et viandes.
Il s’appui également sur l’irrigation en système économiseur d’eau, l’intégration agro-industrielle, le renforcement des systèmes de régulation, la substitution aux importations massives de certains produits et la relance des exportations des produits agricoles et agroalimentaires, permettant de diversifier les ressources financières extérieures.
A ce propos, il a appelé les opérateurs économiques à saisir l’opportunité offerte par la récente décision du gouvernement consistant à interdire l’importation de 851 produits dont 400 sont des produits agricoles.
Par ailleurs, M. Chadi a souligné que la mise en œuvre d’un autre programme portant sur la création de nouvelles exploitations agricoles vise l’accroissement du potentiel foncier productif qui passera à moyen terme de 8,5 millions ha à 9 millions ha.
Il a indiqué, dans ce sillage, que 853.300 ha ont été attribués au bénéfice de 19.875 concessionnaires, dont 520.000 ha (61% de la superficie totale) sont orientés au profit de 1.532 investisseurs porteurs de projets structurants et intègres dans les filières stratégiques avec une valeur d’investissement estimée à 700 milliards DA.
S’agissant des perspectives de secteur à moyen terme, il a indiqué que le plan de développement arrêté repose sur divers axes tels l’extension des superficies irriguées, le développement de la mécanisation et la résorption de la jachère.
Dans ce cadre, il a fait savoir que les volumes de production dans les filières principales vont continuer à progresser à l’horizon 2022: 53 millions de quintaux de céréales, 69,5 millions de quintaux de pommes de terre, 11 millions de quintaux de dattes, 6,3 millions quintaux de viandes rouges, 6,7 millions de quintaux de viandes blanches et 4,8 milliards de lires de lait frais.
Lors des débats, des opérateurs ont appelé à un accompagnement de l’Etat pour les aider à exporter notamment pour ce qui est appelé « produits terroirs », et la mise en place d’un laboratoire national pour assurer la conformité des produits à exporter.
APS