La conjoncture économique actuelle, marquée par des difficultés financières, devrait favoriser la dynamisation de la Bourse d’Alger qui compte, après une vingtaine d’années d’activités, cinq (5) titres côtés uniquement, a indiqué dimanche le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV), Yazid Belmihoub.
« La Bourse pourrait aujourd’hui plus qu’avant jouer un rôle plus dynamique dans le financement de l’économie nationale, d’autant plus que la situation actuelle est marquée par un stress financier assez important qui s’est installé (depuis la chute des prix de pétrole) », a déclaré M. Belmihoub sur les ondes de la radio nationale.
La capitalisation boursière en Algérie ne dépasse pas les 45 milliards de dinars (près de 515 millions de dollars), un montant très en deçà des potentialités de l’économie nationale, qui reste largement dominée par le secteur bancaire en matière de financement, a affirmé le premier responsable de la place boursière d’Alger.
Il a observé, toutefois, que les choses avaient tendance à changer avec le stress financier et la baisse des liquidités bancaires, en raison de l’offre insuffisante des banques, qui recommande, en conséquence, le recours aux financements alternatifs dont le développement du marché boursier algérien.
Il a alors appelé les entreprises, publiques et privées, à intégrer la Bourse comme moyen de financement de leurs plans de développement et de ne pas se contenter uniquement des financements classiques qui se sont amenuisés (crédits bancaires et autofinancement).
Outre son rôle dans le financement de l’économie, l’introduction en Bourse facilite également la pénétration des produits algériens aux marchés extérieurs du fait que les entreprises potentiellement exportatrices côtées en bourse gagnent généralement en crédibilité auprès de leurs clients étrangers.
Elle donnera aussi une meilleure capacité de négociation aux entreprises auprès des banquiers et des partenaires économiques, ajoute-t-il.
Expliquant le faible dynamisme de la Bourse d’Alger, M. Belmihoub a notamment évoqué le manque de « culture boursière » au niveau des entreprises et du grand public ainsi que la surliquidité durant les années précédentes, qui ont engendré un « effet d’éviction » de cette institution boursière tout en ayant avantagé le recours aux crédits bancaires.
Pour lui, une éventuelle introduction en bourse des sept ( 7) entreprises publiques qui ont entamé leur processus d’entrée, constituerait un « déclic » qui donnerait plus d’attractivité à la place boursière d’Alger.
Pour rappel, le Conseil des participations de l`Etat (CPE) avait donné, en 2013, son aval à huit (8) entreprises publiques pour l`ouverture ou l`augmentation de leur capital social à travers la Bourse.
Il s`agit de trois cimenteries relevant du groupe public GICA (dont celle d`Aïn Kbira), du Crédit populaire d`Algérie (CPA), de la compagnie d’assurance Caar, de Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), de l`entreprise Hydro-aménagement et de Mobilis.
Mais la souscription de la Société des ciments d’Aïn-Kebira (SCAEK) en 2016 a été déclarée « infructueuse » et retirée, puisque la réglementation exige un minimum de 20% du montant total de la souscription alors que la levée de fonds avait atteint à peine 5% des 18,95 milliards de dinars que cette entreprise espérait lever sur le marché financier.
A ce propos, M. Belmihoub a considéré que le montant visé par la SCAEK était trop élevé, en relevant que cet appel à souscription était la deuxième plus grosse opération d’introduction en Bourse dans la région Mena sur le plan.
L’échec de cette opération s’explique également, selon lui, par son timing défavorable qui avait coïncidé non seulement avec l’entrée de Biopharm en Bourse et le lancement de l’emprunt obligataire pour la croissance mais aussi avec le mois de Ramadhan et la saison estivale.
Le même responsable a également cité une pénurie des professionnels de la finance tels les analystes financiers et les conseillers financiers dont les entreprises ont besoin dans leur aide à la décision pour s’engager dans les opérations boursières.
Par ailleurs, il a fait savoir que la SGBV avait tenu récemment une réunion avec l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Abef) pour trouver les meilleurs moyens de réactiver le processus de financement à travers la Bourse.
Concernant les produits financiers proposés par la Bourse d’Alger, M. Belmihoub a indiqué qu’une étude universitaire était en cours afin d’examiner les possibilités d’introduire des nouveaux produits outre les actions et les obligations.
APS