L a sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne (Brexit) constituerait une opportunité pour l’Algérie dans les domaines économique et commercial en raison des changements attendus dans la législation commerciale britannique après l’achèvement du processus de sortie, ont estimé mercredi à Alger des responsables algériens et britanniques.
Le Brexit sera certainement une opportunité de valeur pour développer l’économie algérienne et le ministère du Commerce étudie les moyens d’accompagner les opérateurs économiques algériens, dont notamment les producteurs, à franchir le pas et à exporter davantage vers la Grande-Bretagne après le Brexit, a déclaré à la presse le Directeur général du Commerce Extérieur au ministère du Commerce, Abderrahmane Benhazil, en marge d’une journée d’information sur les perspectives et les opportunités d’exportation après le Brexit, organisée conjointement par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), le Conseil d’affaire algéro-britannique (UKABC) et l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger.
Pour renforcer les instruments et les mécanismes juridiques permettant un recadrage de la coopération algéro-britannique dans un cadre bilatéral, un nouvel accord de partenariat économique et commercial bilatéral pourrait voir le jour à moyen terme, avancent d’autres responsables.
L’Algérie veut recadrer ses relations commerciales avec la Grande-Bretagne sur le moyen terme et c’est dans ce sens qu’un nouvel accord économique et commercial bilatéral entre les deux pays pourrait être envisagé, ouvrant de grandes opportunités non seulement en matière d’exportation en faveur des producteurs algériens mais aussi aux investissements britanniques en Algérie, a déclaré aux journalistes le secrétaire général d’Algex, Hocine Boubtina.
Il a souligné à ce propos que la Grande-Bretagne constituait un marché ouvert qui offre de multiples avantages aux opérateurs notamment ceux des pays en voie de développement comme l’Algérie.Une fois sorti de l’UE, ce pays pourrait accorder à l’Algérie des avantages meilleurs que ceux accordés actuellement dans le cadre de l’UE, a-t-il estimé.
Sur la nature des produits hors hydrocarbures qui pourraient être exportés vers la Grande-Bretagne, il a cité essentiellement les produits agricoles.Pour le président de UKABC, Abderrezak Osmani, la Grande-Bretagne est un pays qui importe plus qu’il n’exporte, et l’Algérie a des produits de bonne qualité et à des prix très compétitifs et elle doit profiter du retrait de ce pays de l’UE, qui se traduira par une plus grande indépendance et liberté dans le commerce, pour booster les exportations algériennes vers ce pays en s’organisant davantage sur le plan interne.
En 2016, la Grande-Bretagne, un marché de 65 millions d’habitants qui se situe à 2,5 heures de vol d’Alger, a été le 9ème client de l’Algérie avec des importations britanniques de 1,13 milliard de dollars et son 12ème fournisseur avec des importations algériennes de 765 millions de dollars.
Constituées essentiellement des hydrocarbures, les exportations algériennes vers ce pays ont reculé de 84% en valeur entre 2013 et 2016 du fait de la baisse des prix du pétrole.Outre les hydrocarbures (95%), l’Algérie exporte vers la Grande-Bretagne des dérivés de produits énergétiques ainsi que des produits agroalimentaires, agricoles, et d’emballage.
==La Grande-Bretagne s’engage à faciliter le flux des exportations algériennes==
Intervenant lors de cette rencontre, la représentante de l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger s’est engagée au nom de son pays à y faciliter le flux des exportations algériennes, en plus des flux de personnes à travers l’assouplissement de la délivrance des visas.
« Les potentialités d’exportation en Algérie sont énormes, mais très peu d’opérateurs algériens exportent vers la Grande-Bretagne. Nous sommes là (à cette rencontre) pour connaître les opérateurs, les écouter et voir comment on peut faciliter leurs exportations vers notre pays », a indiqué Jackie Mullen, attachée commerciale à l’ambassade devant un parterre d’exportateurs et industriels privés.
Pour les fruits et légumes par exemple, la Grande-Bretagne importe à plus de cinq milliards de livres sterling auprès des pays et « nous aimerions bien importer de l’Algérie qui est géographiquement plus proche que plusieurs de nos fournisseurs », a-t-elle soutenu.
Evoquant la question des visas, surtout que plusieurs opérateurs présents à cette rencontre se sont plaints des refus de visa pour la Grande-Bretagne, elle a affirmé que l’ambassadeur était lui-même embarrassé par les rejets récurrents qui répondent, cependant, à des règles pratiquées à l’échelle internationale: « Nous travaillons sur cette question des visas pour essayer de trouver des solutions définitives à ce problème », a-t-elle avancé.
Lors des débats, les opérateurs dont des exportateurs se sont notamment interrogés sur les barrières non tarifaires aux exportations vers ce pays (règles phytosanitaires notamment) et ont demandé à revoir le système des quotas avec ce pays.
En vertu de l’article 50 du traité de Lisbonne, la Grande-Bretagne et l’Union Européenne ont deux ans, après le référendum sur le Brexit du 27 juin 2016, pour parvenir à un arrangement sur les conditions de la sortie de l’UE. Après ce délai et en cas d’absence d’accord, le Royaume-Uni quitterait automatiquement l’UE.
APS