L ‘industrie pharmaceutique algérienne est « en pole position » pour exporter ses produits, notamment vers le marché africain où plusieurs projets d’investissements algériens sont actuellement en maturation, a indiqué lundi à Alger le Pdg du Groupe pharmaceutique public Saidal, Yacine Tounsi.
« L’industrie pharmaceutique algérienne est en pole position pour aller à l’exportation, puisqu’il existe actuellement 80 unités de production et 150 projets de nouvelles unités, ce qui est considérable. C’est l’un des secteurs qui se développe le mieux en Algérie et ces atouts lui permettent d’aller rapidement vers l’exportation, surtout vers le continent africain », a indiqué à l’APS M. Tounsi.
Il s’exprimait en marge des travaux d’une table ronde sur l’industrie et la distribution des produits pharmaceutiques, organisée lors des travaux de la 18ème édition du Forum pharmaceutique international.
Précisant que la production locale des produits pharmaceutiques couvre actuellement 60% des besoins du marché national, le responsable a ajouté que son Groupe qui a déjà eu plusieurs expériences d’exportation par le passé était « en train de relancer cette activité » à destination du marché africain.
- Younsi a également révélé que le Groupe Saidal ne compte pas se limiter seulement à l’exportation, mais également à l’implantation d’unités de production de produits pharmaceutiques dans des pays africains.
« Nous sommes en train d’étudier plusieurs projets pour aller investir en Afrique. Ils sont en maturation », a précisé le responsable, en s’abstenant de donner plus de détails sur ces opérations.
Interrogé sur la situation du marché local, toujours dépendant des produits importés, M. Younsi a expliqué, qu’il est « très difficile de tout faire dans le domaine de l’industrie pharmaceutique. Aujourd’hui nous produisons tout ce qui est à notre portée et permis par la technologie que nous maîtrisons. D’autres domaines sont couverts par les produits génériques et importés, mais il reste une partie qui nécessite une grande technicité, donc, on est à la recherche de partenariats pour atteindre notre autosuffisance ».
Présent à cette table ronde, le vice-président de l’Union nationale des opérateurs pharmaceutiques, Nabil Mellah, a également fait part de l’ambition et de la capacité des opérateurs algériens d’exporter leurs produits vers les marchés africains.
« Les opérateurs pharmaceutiques nationaux sont très ambitieux et nous avons un excellent maillage pour pouvoir aller à l’exportation, mais il reste le handicape des procédures administratives, notamment avec les banques et la règlementation de changes et le transfert de devises », a-t-il relevé.
Egalement producteur dans ce domaine, M. Mellah a expliqué que les banques sont « trop rigides » en matière de transfert de devises, ce qui entrave les opérations d’exportation et même d’installation d’unités dans des marchés africains.
« L’Algérie reproche à d’autres pays de la considérer comme un marché pour la commercialisation de leurs produits et il en est de même pour la plupart des pays africains. Ces derniers recherchent plutôt des partenariats avec des investisseurs qui vont non seulement prendre des parts de marché, mais qui vont également investir. Nous avons les moyens pour aller investir en Afrique, mais l’actuelle règlementation des changes de devises demeure un grand handicap », a-t-il insisté.
S’agissant des moyens technologiques pour faire face à la concurrence des leaders mondiaux sur les marchés africains, ce chef d’entreprise qui exporte déjà vers sept pays africains a affirmé, que les opérateurs algériens ne possédaient pas toute la technologie existante, mais « nous avons le nécessaire pour produire autant de produits et conquérir le marché africain », a-t-il souligné.
Intervenant lors de la table ronde, le directeur général de la pharmacie centrale des hôpitaux, M’hamed Ayad, était également favorable à l’idée de se lancer dans des partenariats gagnant-gagnant avec des opérateurs africains dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, permettant de relancer la coopération entre les pays de l’Afrique et faire face à la concurrence mondiale.
« Le marché africain des produits pharmaceutiques est très vaste, ce qui nécessite que les pays du continent se lancent dans une stratégie de coopération et de partenariats entre les opérateurs africains pour atteindre leur autosuffisance », a-t-il recommandé.
Selon les chiffres avancés lors du débat, la production pharmaceutique africaine a été estimée à un peu moins de 5 milliards de dollars en valeur en 2016, accusant un retard « majeur » sur le reste du monde, ont estimé les experts présents à ce débat.
Les travaux de la 18ème édition du Forum pharmaceutique, organisée les 15 et 16 mai, se tiennent en présence de pas moins de 3.000 participants et près de 60 laboratoires pharmaceutiques nationaux, internationaux et africains, représentant 32 pays d’Afrique et d’ailleurs.
Les débats portent sur deux thèmes essentiels: « l’amélioration de la gouvernance du monde pharmaceutique africain et mondial » et « le développement de l’industrie pharmaceutique africaine et la coopération intracontinentale ».
En marge de ces débats, des ateliers sont prévus pour aborder les questions liées à l’éthique, la déontologie et la réglementation, les qualifications liées à la profession, la recherche biomédicale ainsi que les bonnes pratiques pharmaceutiques.
Il est également question de discuter de l’amélioration de l’accès aux médicaments essentiels et aux innovations thérapeutiques, de la qualité et de la fiabilité des médicaments et de la promotion d’une utilisation rationnelle des médicaments.
Créé en 1999 par le Conseil africain des ministres de la Santé à Yaoundé (Cameroun), le forum pharmaceutique international a tenu sa première session en 2000 au Bénin. Sa dernière édition, la 17ème, a eu lieu en Tunisie.
APS