L a philosophie pose davantage de questions qu’elle ne donne de réponses. En matière de bonheur, une question des plus pertinentes nous amène à nous interroger sur les difficultés qu’éprouvent certains d’entre-nous à ressentir, exprimer et restituer pour répandre autour d’eux leur sentiment de bien-être, bien que leurs conditions sociales, économiques, psychologiques et autres soient strictement identiques.
Le bonheur qui ne se vit pas de la même manière est-il une aubaine ? Certains sont-ils plus ou moins chanceux que leurs semblables ? Et que penser de la notion du désir qui implique l’irrécusable ingérence du besoin qu’il soit constamment assouvi ? Un vieux précepte nous a toujours enseigné que moins on désir des choses, plus on est heureux. Le tout, pour ne nous contenter de ce qui nous est essentiel. Cependant, absurde que serait le jugement selon lequel, on irait jusqu’à considérer qu’être dans une pauvreté et dans une indigence affective, matérielle, sociale ou intellectuelle n’est aucunement source de malheur, mais cette même illusion qui serait de vouloir s’en déprendre.
Bonheur individuel ou bonheur collectif… Que le premier dépende du second ou inversement, lorsqu’il n’est plus personnel et qu’il agit sur le conscient collectif, sur l’échelle de l’ensemble de la communauté de vie, on parle maintenant du Bonheur national Brut, que l’idée de mesurer tente depuis un certain temps de faire son chemin. Pour Emmanuel Kant, la satisfaction, la félicité et le contentement sont indéfinissables, et par surcroit, insaisissables. Nul impératif ne peut commander, au sens le plus étroit du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal. Le sentiment de bien-être ne répond donc pas à l’exercice de la raison, mais il est cette magie qu’exerce notre imaginaire sur nous ainsi que notre propre perception du monde qui nous entoure. Si le bonheur est une utopie, il est aussi un idéal que l’imaginaire commun rend vraisemblable, atteignable et réalisable.