L ‘avant première de « Nostalgie de la ville d’Hussein-Dey, avenue Tripoli », de Abdelatif Aliane, un documentaire sur un modèle de quartier du littoral algérien, altéré par l’usure du temps des différentes époques et les transformations urbaines et sociétales, a été présentée samedi à Alger.
D’une durée de près d’une heure de temps, le documentaire, projeté à la Cinémathèque d’Alger, est un « cri de colère et de nostalgie » destiné à attirer l’attention sur tous ces changements qui ont « abusé de l’âme d’un quartier du vieil Alger », pourtant connu par le passé avec ses us et coutumes et le « mode de vie bien enraciné de ses habitants ».
Dans une vision paradoxale qui oppose le passé au présent, Abdelatif Aliane, également poète, offre au spectateur des éléments de comparaison à travers une série de plans séquences, défilés lentement, montrant le vieil Hussein-Dey avec la rue de Constantine -actuelle rue Tripoli- et ses commerces aux différentes vocations sociales.
D’anciens résidents du quartier ont restitué une partie de la mémoire de ce quartier populaire à travers des témoignages qui ont accompagné une succession de vues des temps anciens et présents, dont certaines ont été prises depuis une rame de tramway en déplacement.
Insistant sur l’influence « directe » de l’environnement qui transforme l’individu et lui dicte des comportements, les intervenants dans le documentaire ont rappelé quelques valeurs du
passé, à l’instar de la leçon de morale ou d’éducation civique prodiguées à l’école, chaque jour en début de cours pour « enseigner aux enfants le civisme et la citoyenneté ».
Expliquant que la rue Constantine, qui figurait pourtant par le passé dans « le protocole officiel du passage du cortège présidentiel »-document à l’appui-, a vu progressivement disparaitre « les magasins d’artisans », les anciens résidents d’Hussein-Dey ont souligné les transformations profondes dans l’agencement du tissu urbain de leur district, allant de « la démolition des immeubles vétustes, dont certains laissés en ruine, au déterrement des arbres ».
Plans d’immeubles bâtis au XIXe siècle, le Monument aux morts sur la Placette centrale d’Hussein-Dey, les anciennes balances publiques des années 1960, le Dépôt des agriculteurs devenu successivement, Ecole de police, Centre de transit et actuellement Lycée Taâlibia, le Moulin Narbonne, le documentaire restitue la mémoire du passé en la confrontant à la réalité du présent.
Les intervenants dans le documentaire ont longuement commenté des prises de vue sur la Placette centrale d’Hussein-Dey qui a changé de visage, avec la construction en 1938 de « La Maison du peuple » (actuel siège de la Daïra) et, en 1947, du premier Centre de santé en Algérie.
Appelé jadis « Retour des plages », le quartier d’Hussein-Dey où résident actuellement quelques 53.000 habitants »est devenu avec l’avènement du tramway, un lieu de passage de voyageurs de tous bords, contraignant les résidents à vivre en retrait », dressant un regard nostalgique à leur quartier dont l’âme continue de résister tant bien que mal aux changements .
Réalisé avec un financement indépendant entre 2016 et 2017, le documentaire « Nostalgie de la ville d’Hussein-Dey, avenue Tripoli », est né en 2008 sur une idée de Sebaï Mohamed Nidal coréalisateur, et a été produit par la maison « Zaghda-Film » .
APS