D ans la wilaya d’El Tarf, les traditions liées à l’arrivée du printemps, période qui imposait par le passé des préparatifs à la hauteur de cette belle saison, suscitent aujourd’hui nostalgie et souvenirs.
Plusieurs femmes d’El Tarf rencontrées par l’APS, se remémorent avec une vive émotion tant cette période de l’année qui constituait un événement spécial, préparé avec art et respect.
Sidi Belgacem, lieu de prédilection pour fêter l’arrivée du printemps Rachida Trad, artisane de la ville d’El Tarf, confie que l’arrivée du printemps constituait, il y près de trois décennies, une opportunité propice pour les rencontres et le partage entre voisins et proches.
« Le premier mars de chaque année, les femmes préparaient El Braj, gâteau traditionnel, fourré de pâte de dattes dénoyautées appelée (ghars) et se dirigeaient avec leur enfants à Sidi Belgacem, situé non loin de la ville pour célébrer El Rebiir », se souvient-elle avec une certaine amertume.
« Les enfants cueillaient des fleurs pour les offrir à leurs enseignants, tandis que les femmes reprenaient des chansons typiquement tarfinoises », ajoute l’artisane, invitant une de ses connaissances à se remémorer ces chants du printemps dont « ‘Aoudi ya negmar »‘.
Une fois sur les lieux, El Assida, un met à base de semoule, de beurre et du miel, était préparée en plein air, dans des marmites en terre cuite, se souvient-t-elle encore, attestant que ce met est « un vrai régal »‘ que femmes et enfants en raffolaient.
Un bouquet d »’El Guendoul » et des mets sucrés pour le premier jour du printemps à Bougous
Tounes Bendaya, une sexagénaire issue de la région de Bougous, a indiqué, pour sa part, que l’arrivée du printemps était synonyme dans la région de Bougous de tout un rituel déplorant que seule la préparation des bradj ont droit de cité aujourd’hui s’agissant du printemps.
Plongeant dans ses souvenirs, elle soutient que l’arrivée du printemps à El Tarf « augurait bénédiction et bon présage ».
« Au premier jour du printemps, le berger emmenait ses vaches paître et, sur le chemin du retour, il cueillait des bouquets de fleurs jaunes sauvages, appelés Guendoul pour décorer aussi bien le seuil de son domicile que celui de l’écurie, en guise de bon présage » se remémore-t-elle.
Animée par un soudain enthousiasme, elle enchaine : « Chez les familles qui vivaient de l’élevage, la mère préparait El Assida avec du beurre collecté, les trois derniers jours précédant la célébration du printemps et le met est partagé entre les voisines. Les vaches, surnommées Rebh ou Baraqua,
était teintes de henné, en guise de reconnaissance à cette principale source de revenu », regrettant la disparition de la majorité de ces traditions.
Leila B., une mère de famille de la ville d’El Chatt et membre d’un comité de quartier, a affirmé qu’en collaboration ave d’autres femmes du même comité, des efforts sont déployés pour ressusciter une tradition synonyme de partage et de convivialité, soutenant que ce comité prépare une sortie en plein air pour fêter le printemps pour des femmes et leurs enfants d’El Chatt, autour de mets traditionnels.
« C’est une initiative pour faire profiter les enfants de la verdure et du beau temps, et une manière de renouer avec une tradition qui consolidait autrefois les liens entre familles et amis », lance-t-elle convaincue.
APS