Du cancer des ovaires à l’exploration de la planète Mars. De prime abord, le lien n’est pas évident. Mais une nouvelle technique « révolutionnaire » d’analyse par laser, développée par un chercheur algérien, Noureddine Melikchi sert dans les deux cas. Doyen du Kennedy College of Sciences de l’Université de Massachussetts Lowell, Melikchi a récemment été élu membre de la très prestigieuse Optical Society of America (OSA), en reconnaissance de ses « travaux novateurs » dans le domaine de l’optique.
Une technique révolutionnaire contre le cancer de l’ovaire
En collaboration avec des chercheurs de l’Université du Delaware, du Centre pour le cancer Fox Chase de Philadelphia, ainsi que l’Université de Toulouse (France), Noureddine Melikchi a mis au point une technique de détection rapide (à un stade précoce) du cancer de l’ovaire, une maladie habituellement difficilement repérable et qui coûte la vie à 14 000 personnes chaque année (aux États-Unis seulement).
Pour ce, il suffit d’une seule goutte de sang du sujet étudié. Ainsi, grâce à d’intenses impulsions laser, il est désormais possible de décomposer la structure sanguine et de rechercher des bio-marqueurs. Les chercheurs peuvent ensuite déceler les bio-marqueurs – des substances mesurables dans le sang du patient – produits par les tumeurs cancéreuses ou les tissus environnants, indiquant la présence de la maladie.
« C’est un moyen relativement facile et peu coûteux de conduire des tests pour le cancer ovarien », indique le chercheur algérien, dans une déclaration sur le site internet de l’Université du Massachusetts Lowell.
« Cette approche est sensible, précise et peu invasive, contrairement à la biopsie », précise Noureddine Melikchi. « Si nous pouvons détecter ces bio-marqueurs assez tôt, avant que le cancer ne s’étende au-delà des ovaires, les chances de survie du patient passent à 90%, voire 95% », contre 45% à l’heure actuelle, détaille-t-il, selon la même source.
Application à l’exploration de la planète Mars
Cette même technique permet d’étudier la composition de la surface de Mars. Le robot « Curiosity » qui arpente actuellement la planète rouge est équipé d’un dispositif baptisé « ChemCam ». Cet instrument diffuse également d‘intenses impulsions laser sur des roches ou sur le sol martiens, avant qu’un télescope intégré au ChemCam ne collecte les flashes lumineux qui en reviennent.
Un spectromètre (qui décompose les éléments lumineux en différentes couleurs) permet alors à l’ordinateur de bord d’identifier les différents éléments chimiques présents sur la cible (roche, sol…). Les données sont ensuite transmises aux chercheurs sur Terre. L’on entrevoit ainsi toute l’étendue des possibilités qu’offre cette technique du Tag-LIBS, développée par le chercheur algérien.
Ce dernier, déjà impliqué dans l’analyse des données, a été sélectionné pour faire partie de l’équipe scientifique pour la prochaine mission d’exploration de la planète Mars, prévue en 2020.
Noureddine Melikchi est donc originaire d’Algérie, où il a obtenu son diplôme d’études supérieures en physiques, à l’Université Houari Boumediene des Sciences et Technologies à Alger. Il a ensuite poussé ses études, obtenant un Master puis un Doctorat en physiques, à l’Université de Sussex en Angleterre.