S i la distinction idéelle et conceptuelle entre nature et culture chez l’homme est assez claire, ces deux composantes de son identité y sont si intimement mêlées qu’il est quasi impossible de séparer, dans un cas donné, ce qui relève de la culture et ce qui relève de la nature.
Pour Pascal [Pensées, chap. 2, § 93 ], la nature n’est elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature. Dans ce contexte, il est utile de rappeler ce qu’est la définition de la culture : elle désigne un ensemble d’institutions, ou ces quantité de jugements qui constituent un ensemble de manières de faire, de penser et de vivre et qui s’incarnent dans des œuvres (religion, productions artistiques, langues, productions techniques, systèmes politiques, sciences et philosophie, gastronomie, mœurs et coutumes, etc.)
L’homme porte donc en lui deux identités superposées mais si ardues à séparer : sa nature et sa culture. Cette difficulté à distinguer nature et culture peut cependant se comprendre à partir du rapport entre la nature humaine et la règle. Les règles de vie, de politesse, d’hygiène, prennent en premier lieu (l’enfance) l’aspect de contraintes qui s’opposent à nos penchants et désirs spontanés, donc à notre « nature ». Mais le long parcours de socialisation fait que nous incorporons ces règles. Nous nous y habituons à elles. Cette habitude devient réflexe et ce même réflexe paraît naturel au fil du temps. Les us, les règles de politesse, les manières de se tenir à table, la maîtrise de la langue et des autres signes (gestes, signes exprimant nos émotions, etc.) évoluant ou non, bien que ce soit le cas pour nous. Dans un processus inéluctable d’assimilation, pour notre psychisme, ils deviennent automatiques. Tout ceci vient de la capacité de notre corps ou de notre inconscient à emmagasiner des règles, de telle manière qu’elles n’apparaissent plus à la conscience et nous semblent donc naturelles. Notre être, notre nature et notre culture tous réunis constituent ce que nous appellerons l’identité sociale.