Merzouk Bellahcene, cet artisan qui métamorphose la ferraille en œuvre d’art

Merzouk Bellahcene, cet artisan qui métamorphose la ferraille en œuvre d’art

I l s’appelle Merzouk Bellahcene. Il est artisan ferronnier. Muni de son marteau et son enclume, il façonne de beaux meubles en fer forgé, des lampadaires, des bougeoirs ou des montres murales entre autres. Cet artisan a néanmoins un talent génial.
Là où chacun n’aperçoit que des déchets de métaux et des débris de fer dans un tas de ferraille, lui y entrevoit une oeuvre d’art.

Âgé de 38 ans, Merzouk est un fasciné de la récupération. De la « Recup’Art », s’amuse-t-il dire. Il a ainsi ce don de créer, à partir de simples pièces et débris de fer ou de fonte, rouillés et usés, récupérés par-ci et par-là, de remarquables œuvres vivantes, mirifiques et belles.

Sculpteur de bois à ses premiers pas, Merzouk fait de la « Recup’Art » et de la ferronnerie ses gagne-pains. Un challenge pas aisé qui ne manque pas de susciter des incertitudes, contre lesquelles cet artisan s’est muni de sa passion, son dynamisme et de son … marteau.

Renaissance

Originaire de Beni Zmenzer, à Tizi Ouzou et résident à Alger, Merzouk est un artisan, insiste-t-il, autodidacte. Il a dès son adolescence appris à manier le couteau et le ciseau pour sculpter sur du bois. Suivant les pas de son frère, artiste de son état, il se consacre pour de bon à son art en 1995.

De ces tâtonnements, il ne garde malheureusement que quelques oeuvres… « Je sculptais beaucoup de boîtes et coffres à bijoux que j’aimais décorer avec des signes et lettres berbères. Je sculptais aussi des bateaux et des figures” ou des bustes, se souvient-il.

« Toutes mes réalisations ont été vendues … Les quelques sculptures que je tenais à garder m’ont été volées et je ne conserve que ces trois têtes de bois”, raconte-t-il, exhibant l’une de ces trois sculptures de tête en bois, dépoussiérée, dans ses mains.

Ne se sentant tout de même pas à l’abri des aléas de la vie, Merzouk s’était ainsi résigné à tout vendre pour se convertir dans le commerce, mettant son talent entre parenthèses. « J’ai cessé la sculpture sur bois fin 1999 et je me suis lancé quelques temps après dans le commerce, un peu partout sur Alger”.

Plus de huit ans en apnée durant lesquels il s’applique à la vente de meubles sans pour autant renoncer à sa passion première.

LIRE AUSSI: Au cœur de la Casbah l’ébénisterie revit dans l’atelier de Mahiout Khaled

De l’ingéniosité

Las des activités commerciales, Merzouk, picoté par son inspiration, regagne son atelier, mais, cette fois-ci, le marteau et le fer à souder prennent la place du ciseau. Il devient ferronnier et se met au fer forgé. C’était en 2008.

Cet artisan découvre peu après la « Recup’Art » et se lance alors dans une nouvelle aventure. « Une réussite », affirme-t-il, satisfait, sourire aux lèvres.

Depuis, Merzouk passe ses journées à façonner ces meubles élégants et raffinés, mais surtout à s’amuser, tel un alchimiste, à métamorphoser des pièces de fer ou de fonte, abandonnées et usées, en des œuvres vivantes.

bellahcene

Dans son atelier, s’éparpillent pêle-mêle les objets récupérés, entreposés sur une table, par terre ou sur son enclume en attendant le « recyclage artistique ». De la magie se dégage dès qu’il se met à l’œuvre ! Un simple coup d’oeil suffit à Merzouk pour imaginer et entrevoir sa prochaine réalisation.

Il se saisit dès lors d’un moule à madeleines, le pose sur du fil de fer, qu’il enrôle par un gros ressort, fixe ensuite celui-ci sur un disque de frein et finit par présenter, après quelques retouches de finition, une statuette ludique, un lampadaire typique ou un bougeoir.

Son imagination déborde et ses innovations sont tout bonnement époustouflantes. D’une chaîne de bicyclette, il conçoit le cadre d’une montre murale. De quelques dizaines de clefs, il monte un mannequin de fer. Son fer à souder à la main, il arrange une tôle et se procure un abat-jour pour ses lampes. Des fourchettes montées à des cadenas, vissés sur des cuillères et un jouet pour enfant prend vie.

bellahcene2

Récup’Art cherche reconnaissance

Cette créativité ne manque pas de dérouter les gens, admirateurs. « Les visiteurs des salons et des foires auxquelles je participe préfèrent mes travaux de la « Récup’Art » aux autres meubles en fer forgé », affirme-t-il.

Certains se demandent comment fait Merzouk Bellahcene. D’autres restent tout simplement bouche bée en apprenant que les réalisations exposées sont conçues à partir des objets recyclés. « Certains clients, stupéfaits par ce concept, préfèrent récupérer leurs œuvres dans leurs états bruts, sans aucune finition », explique-t-il.

Merzouk a tout de même le malheur de rencontrer des sceptiques. « Je révèle toujours de quoi mes œuvres ont été fabriquées et certains, pour me faire baisser les prix, ne manquent pas de me faire remarquer que tel objet ou tel autre m’a peu coûté ».

Un scepticisme qui ne « fait pas le poids » face au plaisir et l’inspiration que suscitent en lui ses admirateurs. Merzouk y puise ainsi un précieux soutien face à la marginalisation et le manque de considération que subissent les artisans ferronniers et leurs pénibles vicissitudes.

 

En attendant de mettre sur pied sa propre galerie, pour promouvoir son artisanat et son génialissime art, Merzouk continue vaille que vaille à façonner ses belles œuvres en fer forgé et s’adonner à la Récup’Art.

 

Rédaction du HuffPost Algérie

advert

No comments yet.

Leave a Reply

Inline