Une association d’Oum El Bouaghi ressuscite l’art de la confection des tapis berbères

Une association d’Oum El Bouaghi ressuscite l’art de la confection des tapis berbères

Pièces uniques et précieuses, témoins d’un génie artistique avéré, les tapis berbères exposés dans les galeries de la salle de spectacles Ahmed-Bey de Constantine à l’occasion de la semaine culturelle de la wilaya d’Oum El Bouaghi, reflètent un art authentique.

Dans cette wilaya, des tisserandes aux mains expertes et habiles, jalouses de leur patrimoine, continuent, vaille que vaille, à perpétuer un savoir-faire ancestral et veillent à préserver un héritage commun.

A motifs géométriques, végétaux ou animaliers, pleine de couleurs savamment choisies, la palette des tapis exposés offre aux visiteurs un splendide voyage dans les montagnes berbères et raconte la vie et la passion d’artisanes hors pair.

L’association Assala oua tawassoul : l’authenticité avant tout

Lancé dans le cadre d’un projet ciblant la promotion de la femme au foyer, à travers l’initiation aux métiers de la couture et à l’art culinaire, le tissage des tapis berbère a vite « pris le dessus » dans les activités de l’association Assala oua tawassoul d’Aïn Beïda (Oum El Bouaghi), a affirmé à l’APS la présidente de l’association, Fadela Mecheri.

« L’association a entamé son projet en 2010, grâce à une aide financière et du matériel de couture obtenus auprès du ministère de la Solidarité nationale, de la famille et de la Condition de la femme », précise Mme Mecheri.

Le petit groupe en formation n’a pas tardé à s’agrandir et les activités de l’association se sont élargies au tissage des tapis berbères. « A Aïn Beïda, comme dans plusieurs régions d’Oum El Bouaghi, le savoir-faire en matière de tissage est demeuré intact grâce à l’apport précieux de quelques expertes qui n’ont pas hésité à enseigner aux jeunes filles les techniques du tissage », soutient la présidente d’Assala oua tawassoul, toute fière d’annoncer que l’association compte aujourd’hui plus de 300 adhérentes.

Pour Mme Mecheri, le tissage du tapis commence avec le choix de la laine: « dans une région pastorale comme Oum El Bouaghi, la laine est abondante et le travail des femmes commence avec le lavage, puis le tri à la main de la laine pour produire des tapis de haute qualité », explique-t-elle.

Vient alors l’étape de filage de la laine que les femmes de l’association assurent avec une « grande maîtrise ». Cette opération donne à la laine « une texture naturelle » et la laine filée en pelotes est rassemblée en écheveaux et envoyée pour être teintée. « La laine est envoyée chez des teinturiers

des villes de Khenchela et de Tébessa, et les colorants utilisés sont fabriqués à partir d’ingrédients naturels comme des extraits de plantes », ajoute Mme Mecheri, soutenant que la teinture végétale donne « un aspect naturel unique à la texture brute de la laine. »

Le tapis des Haraktas, une créativité artistique unique

La confection du tapis des Harakats, ou tapis « à noeuds », une technique propre aux régions d’Oum El Bouaghi, de Tébessa, de Khenchela et de Souk Ahras, commence par le choix des motifs et des couleurs.

Entre ornement animalier, floral ou géométrique, la « maîtresse du métier », chargée de chapeauter l’opération de tissage du tapis au sein de l’association, guide les gestes des membres de son équipe.

« Les noueuses suivent les instructions relatives à la couleur (à) et le tapis est alors noué traditionnellement à la main, à l’aide de crochets », explique Mme Mecheri. Une fois coupés, les noeuds deviennent « le velours du tapis et le dessin est plus net sur l’envers que sur l’endroit », précise la présidente de l’association.

Un tapis de deux mètres sur trois restera sur le métier à tisser pendant près de cinq mois, car la phase de la finition (la plus pointue car elle détermine la qualité du produit fini) est cruciale pour une mise en valeur du tapis berbère.

« Dans la phase de finition, toute la laine en surplus est enlevée et un surjet est confectionné puis cousu sur les deux côtés du tapis pour maintenir les noeuds, et la qualité picturale du tapis s’en voit valorisée », détaille Mme Mecheri.

Le tapis Harakti est cédé entre 50.000 et 100.000 dinars selon les dimensions proposées et la Foire internationale d’Alger demeure pour l’association Assala wa tawassoul l’opportunité idéale pour écouler ses produits. Mme Mecheri explique d’ailleurs que l’association « s’active toute l’année pour préparer comme il se doit le rendez-vous de la Foire internationale d’Alger où nous écoulons tous nos tapis, à des nationaux mais aussi à de nombreux étrangers ».

Trônant élégamment dans des intérieurs, qu’ils soient modestes ou luxueux, le tapis berbère donne un réel « plus » à toutes les demeures et perpétue un art authentique, indémodable.

 Source: APS
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