10 fois championne du monde , 5 fois championne d’Europe et 12 fois championne de France de boxe française et boxe thaï. Cette jeune Algérienne de 27 ans dispute le championnat du monde wako pro en k1 le 24 juin à Monaco.
Par Saïd LABIDI
Ne vous fiez pas à ses yeux rieurs, ses longs cheveux ondulés et son sourire espiègle. Son coup de savate est si puissant et si rapide qu’elle pourrait vous tuer d’un coup ! Et si par chance elle vous manquait, vous pourriez attraper froid. Le problème, c’est qu’Anissa Meksen ne rate jamais ce qu’elle entreprend comme en témoigne son incroyable palmarès. Ce joli petit bout de femme d’1,68 m pour moins de 54 kg cumule les titres suprêmes dans plusieurs sports de combat. On ne dirait pas comme ça mais Anissa Meksen est 1o fois championne du monde, 5 fois championne d’Europe et 12 fois championne de France de boxe française et thaï. Elle dispute le championnat du monde « WAKO » pro en K1 le 24 juin à Monaco. Anissa Meksen, 27 ans, est tout simplement la boxeuse la plus titrée de l’histoire.
Je vais donc peser chaque mot, on ne sait jamais. Car même si elle vit à Paris, à des centaines de kilomètres de Nancy, où je travaille pour le journal local, il y a encore son frère dans le coin : Mehdi Meksen, 1,90 m, 90 kg de muscle et vice-champion d’Europe de boxe française. C’est d’ailleurs en voulant marcher dans ses pas, après s’être essayé au karaté, qu’elle a entamé une carrière aussi extraordinaire que fulgurante. Sa famille (son père est originaire d’Annaba et sa mère de Constantine) qui était au départ réticente à l’idée de la voir pratiquer « un sport d’homme » n’a jamais cessé de la soutenir depuis son premier combat. Elle est si douée qu’elle ne s’entraîne qu’avec des garçons depuis bien longtemps déjà. La devise de cette jeune femme au moral d’acier et à la foi inébranlable, c’est « travail, famille, religion ».
La première fois que j’ai eu la chance de la croiser, en 2007, elle venait de remporter le titre de championne de France face une Nantaise qui n’est pas près d’oublier ce choc. Elle avait à peine 18 ans mais c’était déjà une redoutable machine à gagner très bien huilée. Anissa Meksen combat et collectionne les titres depuis qu’elle a 12 ans (championne de France minime et cadette en 2002, 2003, 2005, 2006… ) En 2004, elle remportait le titre de championne de France… de kick-boxing. Histoire de varier les plaisirs, elle s’est même essayée à la boxe anglaise, envoyant au tapis la vice-championne de France à l‘issue de son premier combat. Dans la foulée, elle remportait les 6 confrontations suivantes, dont 5 par KO ! « Quand je serai senior, dans deux ans, je viserai les championnats du monde de boxe française », m’avait-elle annoncé sur un ton péremptoire.
Je ne le savais pas encore mais Anissa Meksen n’a qu’une parole : elle dit tout ce qu’elle fait et fait tout ce qu’elle dit. Cette année-là, en 2007, elle remportait le titre de championne d’Europe, l’année suivante, elle était à nouveau sacrée championne de France et championne du monde de boxe française. La « serial boxeuse » multi récidiviste n’a depuis cessé de frapper encore plus fort, année après année, cumulant les titres à ne plus savoir quoi en faire. Après son bac ES, elle a pris la direction de Toulouse pour intégrer l’UFR Staps avant de s’installer en région parisienne, un double master 2 d’entraînement d’athlètes de haut-niveau en poche.
L’année 2013 marque un tournant dans sa carrière. Elle participe à un camp d’entraînement en Thaïlande quand on lui propose de combattre pour le titre mondial de boxe thaï à l’occasion de l’anniversaire de la reine. Elle venait d’affronter deux boxeuses locales. Et comme partout ailleurs, elle avait fait sensation. Sans surprise, elle décroche le titre (les bookmakers la détestent parce que l’issue de ses combats ne fait jamais aucun doute). Son secret ? Elle n’en a pas. Elle travaille sans relâche, 3 à 4 heures par jours, 5 jours sur 7. Résultat : aujourd’hui, Anissa Meksen est la seule boxeuse qui vit de ses poings et de ses pieds.
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Journaliste à l’est républicain
