L’écrivaine jette un regard sur son passé à la parution de « tous les hommes désirent naturellement savoir », roman consacré à ses souvenirs et à son enfance.
Dans son nouveau roman, tous les hommes désirent naturellement savoir, l’auteur franco-algérienne revient sur deux temps fort de sa vie. Des temps qui ont forgé sa personnalité et son talent d’écrivain. En effet, elle évoque avec force son enfance passée sous le soleil des hauteurs d’Alger et surtout à plus forte raison sur son insouciante adolescence à paris. Ce roman, le seizième à son actif, est intéressant à plusieurs égards dont deux nous semble très saisissant puisque cela saute à l’œil. Le premier c’est le titre. Un titre qui à première vue, il laisse penser qu’il s’agit d’un ouvrage philosophique car elle emprunte à Aristote. Le deuxième ce qui est encore impressionnant, une fois le livre achevé de lecture, on s’aperçoit être face à la narratrice toute épatante, en train de nous raconter avec simplicité et sensibilité une histoire, sa propre histoire dans un ton de jovialité, quand bien même les sujet étaient sérieux.
En effet, à cinquante ans, Nina Bouraoui fait une sorte de flash back évoquant la mémoire de sa mère et de son enfance en faisant immersion dans des souvenirs et surtout sa vision de femmes dont elle se sente obligé de protéger D’emblée, le lecteur est déjà avisé qu’il s’agit d’un livre sur la mémoire. Une mémoire traversée par des souvenirs anciens, d’autres plus proches et d’autres à découvrir au fil des pages.
Nina Bouraoui ne se cache pas derrière son petit doigt ni d’ailleurs se contenter de ne regarder que le bout de doigt alors que le problème est ailleurs. Elle parle des maux dont souffre la société, le racisme, l’homophobie vis-à-vis des homosexuels etc. Si elle en parle parce qu’elle est bien place. Elle, né d’un père Algérien et d’une mère française. A sa naissance, elle, qui quitte la France suivant son père et s’installe à Alger, et contre toute attente, elle est partie vivre en Algérie alors que des millions la quittent après les accords d’Evian proclamant de fait l’indépendance de ce vaste territoire en 1962.
Qui mieux placé qu’elle pour parler des sujets brulants de société, notamment avec sa littérature, son style bien fourni et singulier ? Avec sa plume fine et pointillant, elle s’en sert comme projecteur pour mettre à la lumière du jour des mots que certains conservateurs ne sauraient voir éclairer, notamment s’agissant de la sexualité et la difficulté d’en parler publiquement de l’homosexualité.
« Ma mère est arrivé en Algérie quand les Français, les colons, quittaient le pays. Elle se sentait en mission, d’une certaine façon elle représentait le peuple français, celui de la métropole et celui d’Algérie, le peuple ami et amoureux. Elle portait un message de paix Ses enfants en étaient les fruits ou les preuves si l’on refusait de la croire ». p. 121
« Tous les hommes désirent naturellement savoir » de Nina Bouraoui
Éd-JC Lattés, 2018, 264 p
Par : Mokrane MAAMERI, Écrivain