F arid Loudahi est à la tête de Thala, une conserverie familiale d’une vingtaine de salariés qui a choisi de se spécialiser sur le marché de l’épicerie fine. Attaché au terroir algérien, l’entrepreneur de 44 ans met un point d’honneur à faire découvrir au public européen la richesse du patrimoine culinaire national. Eldjazairmag.com est allé à sa rencontre sur le salon de l’agriculture 2018.
Pouvez vous nous présenter l’entreprise Thala?
Farid Loudahi : Thala est une conserverie créée en 2013 dans le village familiale de Thala Bouzrou, en grande Kabylie. Initialement,je me suis lancé dans la restauration en Algérie. L’idée d’origine était de créer des produits du terroir, méditerranéens dont j’avais besoin pour mes restaurants. Par la suite, on a commencé à produire pour distribuer. Aujourd’hui, on gère une gamme d’une dizaine de produits (huile d’olive, confitures artisanales, des salades méchouias….). Je me suis vite rendu compte que notre production était un peu trop haute de gamme pour la distribution en Algérie car nous relevons de l’épicerie fine. Nous exportons donc 80% de ce que nous produisons. J’ai créé pour cela une structure en France pour pouvoir importer personnellement notre offre.
Dans quels pays exportez vous?
On est principalement concentrés sur la France et en Suisse. On a par ailleurs démarché le Canada. On a aussi un site internet à la pointe avec une boutique en ligne.
Il parait que vous seriez en négociation pour être distribué par des grands magasins parisiens?
On ne veux pas entrer dans le circuit de la grande distribution car c’est une optique différente. On veut rester dans le créneau des produits du terroir. On a toutefois proposé au Bon Marché de nous distribuer et à d’autres épiceries fines sur Paris d’en faire de même.
Les marchés européens sont friands de produits bio. Est-ce le cas chez Thala?
Tout est bio.Nous n’avons pas de certification mais nous utilisons par exemple les figues sèches de Béni Maouche (Béjaia) qui sont de vieux figuiers qui n’ont jamais utilisé le moindre pesticide. Les olives proviennent d’oliviers situés en pleine montagne. Ce sont des régions où l’agriculture est à petite échelle, à l’ancienne.
L’Algérie revient sur le salon de l’agriculture après une longue absence. Quel bilan personnel faites vous de votre participation à Paris?
C’est le meilleur moyen de faire la promotion de notre production. On a un contact direct avec le client qui nous donne son avis. Cela nous permet de réajuster certaines choses dans les domaines du packaging (nldr, emballage) ou du gustatif. Ce salon offre aussi la possibilité de rencontrer des professionnels tels que les commerçants ou les grossistes et d’étendre notre réseau de distribution. Le bilan ne peut être que positif.
Comment a réagi le public algérien en découvrant vos présence?
Ils ont été surpris de trouver des produits algériens aussi élaborés. Ils ont l’habitude de trouver des dattes, de l’huile et des figues brutes. Là ce sont des produits travaillés. C’est une fierté pour eux car ils sont à la recherche de cela. Ils sont un peu nostalgiques de leur pays. Ils sont attachés au terroir. Cela leur permet de voyager un peu.
Quid des étrangers?
On a reçu beaucoup de pieds-noirs ou de gens qui ont un lien avec l’Algérie. Ils sont par exemple contents de retrouver la marmelade d’orange ou la confiture de figue avec des produits uniques qui ont une vraie identité algérienne et qu’ils ont consommés en étant enfants. Il y a aussi les Français qui entendent parler de l’Algérie dans les médias et qui découvrent le pays à travers notre terroir. On valorise cette image à travers ce salon.
L’entreprise Thala compte-t-elle se diversifier davantage?
Il y a des nouveautés de prévu cette année. On va lancer un pesto citron-confit et coriandre, un mélange de saveurs orientale et occidentale. On a programmé le lancement d’une tchouktchouka, de tisanes avec des herbes sauvages de Sétif, de Kabylie…Le packaging va également évoluer. On va scinder la gamme en deux catégories : une gourmet avec un étiquetage plus sobre (ton noir et doré) et celle qu’on propose actuellement (couleurs de l’Algérie).
Avez vous des projets pour faire découvrir votre production aux Algériens restés au pays?
Au départ on a choisi de ne pas les distribuer car il y a un gros problème d’organisation du marché. On a toutefois certains produits comme le coulis de tomate, le pesto oriental et les méchouias qui ne sont fabriqués que pour l’Algérie. La donne a changé depuis peu puisque l’importation de conserves a été interdite. La demande a explosé. Les producteurs ont maintenant les cartes en main.
Entretien réalisé par Nasser Mabrouk