Un plan d’investissement de 42 milliards de DA mobilisé par le Groupe public de l’industrie mécanique (AGM) a été réalisé à près de 80% et devrait s’achever d’ici la fin 2018, a indiqué son P-dg, Bachir Dehimi, dans un entretien accordé à l’APS.
« Nous pouvons dire que le potentiel mécanique national existe bel et bien », affirme-t-il.
Ces investissements ont été prévus par un plan d’action de ce groupe sur la période 2016-2022, axé autour du développement de ses activités à travers la modernisation de la gamme des produits, l’amélioration de leur qualité, le développement de l’intégration nationale ainsi que l’exportation.
M. Dehimi explique que les équipements qui étaient fabriqués auparavant commençaient à devenir d’ »ancienne génération », autrement dit « obsolètes ».
A travers ce plan d’action, il s’agit essentiellement de développer, sous le label des partenaires étrangers de ce groupe, des équipements de nouvelle génération et conformes aux standards internationaux afin de pouvoir faire face à la concurrence.
Pour les tracteurs agricoles fabriqués avec le groupe américain AGCO Massey-Ferguson avec des puissances variées (45, 82, 100, 150 et 200 chevaux), le même responsable relève qu’AGM fabrique, actuellement, à une cadence de 5.000 tracteurs/an contre 2.500 auparavant.
Dans le cadre des investissements réalisés avec ce partenaire américain, il est possible de passer à une capacité de production de 8.000 tracteurs/an d’ici deux (2) ans pour satisfaire les besoins complémentaires, et de 10.000 unités/an l’année suivante pour passer à l’exportation, selon ses prévisions.
Avec la production actuelle de 5.000 tracteurs/an, « le marché est aujourd’hui satisfait à près de 100% », fait-il valoir, ajoutant que cette performance explique la décision des pouvoirs publics de suspendre l’importation des tracteurs agricoles dans le cadre de la liste des 851 produits suspendus à l’importation depuis janvier 2018.
Même cas pour les moissonneuses-batteuses fabriquées en partenariat avec Massey Ferguson: les capacités du groupe AGM ont atteint 1.000 unités/an, satisfaisant totalement la demande tout en prévoyant, dans une prochaine étape, l’exportation de l’excédent, selon le même responsable.
Quant aux matériels agricoles de préparation du sol (charrues, herses…), fabriqués en partenariat avec la société portugaise Galucho, M. Dehimi avance que l’AGM est en mesure de satisfaire la demande nationale à hauteur de 80%: « A chaque fois qu’un marché se manifeste, nous avons les capacités de le prendre en charge dans les six mois qui suivent, car les capacités et le savoir-faire existent ».
Pour ce qui est des engins de travaux publics, il fait savoir qu’en partenariat avec la firme germano-suisse Liebherr, un projet de fabrication d’engins de manipulation des conteneurs maritimes sur les quais (stakers) sera lancé prochainement.
« C’est un projet que nous sommes en train de développer avec Liebherr, et je pense que d’ici la fin 2018, nous allons commencer à produire des stakers », avance-t-il.
Il cite aussi un autre projet en phase de concrétisation avec le partenaire français Piriou pour fournir à la filiale Sonatrach marine, des remorqueurs marins dont les premières livraisons sont prévues d’ici la fin de l’année 2018.
Concernant les moteurs pour camions, tracteurs agricoles et grands engins de travaux publics, un projet est actuellement en cours de réalisation en partenariat avec Mercedes-Benz-Deutz-MTU à travers une société mixte créée il y a deux ans.
2018, l’année de l’exportation
L’autre axe de la stratégie du groupe AGM est l’exportation, une étape importante qui devrait se faire avec le soutien des partenaires étrangers lesquels possèdent des réseaux commerciaux: « Aujourd’hui, le potentiel à l’exportation existe, d’autant que nous allons proposer à l’exportation des produits avec le label du partenaire étranger », explique-t-il avant d’ajouter que 2018 sera pour le groupe l’année de l’exportation.
A ce propos, le P-dg d’AGM relève que des structures chargées de l’exportation ont été créées, il y a plus d’une année, au niveau de chaque filiale du groupe.
Citant l’exemple des moissonneuses-batteuses, M. Dehimi indique qu’il existe déjà deux opportunités d’exportation vers le Moyen-Orient et l’Afrique: « Nous sommes en train de travailler dessus ».
La sous-traitance au cœur de la stratégie du groupe
Concernant le taux d’intégration atteint jusque-là par le groupe, il diffère d’un produit à un autre et est réalisé par les filiales de ce groupe.
Prenant l’exemple des tracteurs de nouvelle génération, le groupe avait commencé à faire de l’assemblage pendant une (1) année avant de basculer, par la suite, vers la production de tracteurs intégrés.
Ainsi, à fin 2017, le taux d’intégration dans la fabrication de ces tracteurs a été de 37% y compris le moteur (15%) fabriqué par une autre filiale du groupe.
A la fin 2018, il est prévu de réaliser un taux d’intégration de 53% avant de passer à 61% à fin 2019 en dehors du moteur, table-t-il.
Quant au taux d’intégration dans la fabrication des moissonneuses-batteuses, il avait atteint 63% en 2016 et 70% en 2017.
Pour ce qui est du taux d’intégration dans la production des matériels agricoles d’accompagnement en partenariat avec la société portugaise Galucho, il est actuellement de 20% pour atteindre 50% en 2019.
S’agissant des engins de travaux publics fabriqués sous la marque Liebherr, le taux d’intégration a atteint 22% à fin 2017, en dehors du moteur, avant de s’établir à 42% en 2018, hors moteur.
Pour le matériel de compactage, ce taux était de 26% en 2017 hors moteur pour passer à 40% en 2018 et 47% en 2019.
Pour les embarcations de pêche fabriquées en acier et en aluminium, elles ont été intégrées à hauteur de 40% en 2017 et devraient atteindre 70% à fin 2018.
Selon M. Dehimi, toutes les filiales du groupe activent dans la sous-traitance entre elles et avec leurs clients extérieurs (secteurs de l’énergie, des transports, ressources en eau…), précisant que l’apport du secteur privé dans le taux d’intégration des équipements fabriqués par le groupe oscille entre 3% à 5% seulement.
Quant aux perspectives du groupe, il note que plusieurs de ses filiales préparent d’autres plans de développement sur la période 2020-2022: « Là où il y a nécessité de faire des investissements d’appoint, nous le ferons ».
APS