L ’Ecole supérieure des sciences de l’aliment et des sciences de l’agroalimentaire (Essaia), créée en février dernier, verra en 2019 la sortie de sa première promotion d’ingénieurs spécialisés dans l’industrie alimentaire, destinés principalement aux entreprises de ce secteur qui a le vent en poupe.
Résultant de la transformation, par un décret de février 2017, de l’Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie (Epsnv), l’Essaia, située à El Harrach (Alger), tend à devenir un pôle de formation dans le secteur de l’agroalimentaire, explique à l’APS la directrice de cette nouvelle école supérieure, Mme Meriem Ben Mehdi.
La décision de créer un tel établissement, le seul en Algérie, « est un choix imposé principalement par le développement remarquable du secteur de l’industrie alimentaire en Algérie mais qui souffre d’un manque flagrant d’encadrement technique qualifié », explique-t-elle.
Selon les statistiques, plus de 17.000 entreprises, publiques et privées, activent dans le secteur agroalimentaire en Algérie. En outre, 20.000 projets d`investissements agricoles et agroalimentaires d’un coût de 200 milliards DA ont été enregistrés depuis 2010. Ce qui représente un énorme potentiel.
A ce propos, Mme Ben Mehdi relève que ses consultations menées en direction des responsables d’entreprises et d’organisations patronales sur leurs besoins, en termes de ressources humaines techniques, révèlent souvent un manque substantiel de cadres dans cette spécialité.
« Il est donc question de répondre aux besoins d’un secteur agroalimentaire très recruteur », explique-t-elle . »L’idée est de maximiser les chances de nos diplômés à décrocher un travail. L’objectif de notre école est de former utile et d’offrir aux entreprises des cadres de qualité surtout que le secteur de l’agroalimentaire en Algérie enregistre une croissance à tous les niveaux », ajoute-t-elle.
La première promotion des ingénieurs, qui seront issus de cette école en 2019 après avoir entamé leur cursus à l’ex. Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie, sera spécialisée dans le contrôle de la qualité et l’analyse alimentaire, tandis qu’à la rentrée 2017-2018, une autre spécialité sera introduite portant sur les sciences de la conservation et de l’emballage alimentaire.
Cette nouvelle spécialité vise à former des professionnels dans le domaine de l’emballage « qui est une science à part entière » alors que l’Algérie manque grandement de professionnels en la matière, observe la même responsable.
« Les métiers de l’emballage n’existent pas chez nous », explique la directrice de cette école, en soulignant que les consommateurs ignorent si les emballages des produits qu’ils achètent, tels qu’ils sont fabriqués actuellement, soient réellement contrôlés et s’ils ne posent pas un danger sur leur santé et l’environnement.
==Des débouchés variés et multiples==
Les débouchés de l’ESSAIA sont divers et nombreux: Dans le secteur de l’agroalimentaire, les diplômés de cet établissement sont destinés vers les créneaux liés essentiellement au contrôle de la qualité, au service de gestion de la qualité, à la recherche et développement, à la production ou à l’achat des matières premières, et ce, dans les entreprises agroalimentaires ainsi que dans les services de contrôle et de répression des fraudes du ministère du Commerce.
Selon Mme Ben Mehdi, avec l’ouverture d’autres spécialités dans les trois ou quatre prochaines années, la liste des débouchés devrait s’élargir davantage (douanes, laboratoires, centres de recherche…).
« L’avantage dans ce cursus est que les étudiants sont recrutés au niveau national, sachant qu’actuellement, nous avons des élèves représentant 42 wilayas qui vont contribuer au développement local de leurs régions respectives dans le domaine de l’agroalimentaire », estime-t-elle.
Pour accélérer le processus de développement et assurer une plus grande performance de cette école, des accords de coopération ont été signés avec des entreprises algériennes ainsi qu’avec des écoles similaires étrangères dont notamment françaises dans le cadre d’échange d’expertise et de formation et de coopération scientifique et technique.
Elle a également signé des accords avec des universités algériennes comme celles de Ghardaïa et de Tamanrasset dans les domaines techniques et de recherche afin de valoriser les produits du terroir dans les Hauts Plateaux et le sud du pays.
Récemment, des conventions ont été signées avec quatre entreprises privées de l’agroalimentaire, à savoir l’Etablissement Larbi-Cherif-Chafik de Béjaïa, spécialisé dans la fabrication de produits parapharmaceutiques, l’Eurl Bioherbs d’Alger (fabrication de compléments alimentaires), l’Eurl Proderma de Sidi Bel Abbès (compléments alimentaires et produits cosmétiques), et la Sarl Myrale de Bordj Bou Arreridj (fabrication de compléments alimentaires).
Quant aux conditions d’accès à cette école supérieure, il est exigé du candidat le diplôme de baccalauréat avec une moyenne minimale révisable d’une année à une autre, et réussir le concours d’accès.
« La condition de la moyenne obtenue au Bac n’a pas empêché de recevoir des centaines de dossiers de candidatures, mais nous n’en retenons que les meilleurs. Parfois, nous avons des candidats avec de très bonnes moyennes au Bac, supérieures à 15 et 16, qui ont préféré étudier chez nous que d’aller vers d’autres spécialités habituellement plus prisées comme la pharmacie ou la médecine », constate la même responsable.
Quelque 650 étudiants, venant des quatre coins du pays, suivent actuellement leurs études à l’ESSAIA et dont la grande majorité provient de l’ex.Ecole préparatoire en sciences de la nature et de la vie.
L’Ecole offre aussi des formations continues de courte durée sur les bonnes pratiques, l’hygiène et la préparation en industrie agroalimentaire et la restauration collective, dans le cadre de conventions signées avec des partenaires tels les restaurants universitaires.
APS