I l y a l’intellect ; il y a l’intellectuel. Entre ces deux notions, nous sommes ceux sans qui elles seraient un non-être. En d’autres termes, nous sommes à la fois le sujet et l’objet de tout examen de la raison.
Admettons que l’intellect est cette faculté qui rend possible, l’effort qui aide à percevoir les choses, à les comprendre, et lorsqu’elles paraissent absconses, il permet de les cerner pour désenvelopper leurs mystères.
Admettons que, nous, populaces indigentes, représentons cet ensemble de jugements et préceptes qui siègent dans l’encéphale d’un intellectuel.
Admettons maintenant que ce même intellectuel se veut soit écrivain, ou bien chercheur, peut-être analyste ou encore, penseur… Il s’autoproclame détenteur des clés du savoir. Lui seul disposerait donc du droit d’inventaire sur nos vies.
Le sens des responsabilités appelle à une mise en grade : l’irréparable, l’intolérable, l’impardonnable et l’irrémissible seraient toute malhonnêteté intellectuelle qui conduirait les moutons que nous sommes vers le vide hadal de la régression, de l’involution et de la décadence. Car, une seule idée peut être dévastatrice ; comme une seule pensée peut être démolisseuse.
L’inconséquence et l’imprévoyance seraient pour tout mauvais intellectuel cette omission pécheresse de la responsabilité morale qui lui incombe, du fait de ces titres et de ces statuts sociaux, moraux, voire spirituels et dont il jouit au sein du tout qui fait sa société : c’est à dire nous-mêmes. Parler ici du mérite, il n’en est aucunement question, bien que nombreux sont ceux se disent des lumignons, des éclaireurs et des sources de lumières, alors qu’ils n’ont de tout cela que l’usurpation de ces emblèmes.
L’objet de ces quelques lignes n’a pour seul dessein, pour seule visée, que de leur demander à eux, tous, une honnêteté intellectuelle et une responsabilité morale, une vraie. Leurs récits, leurs écrits, leurs discours et leurs exhortations au suivisme doivent répondre à un effort mental minimum, mais surtout à un examen profond de conscience… leur propre conscience.