s ent ». Le constat est d’Arun, enseignant Américain vivant à Paris, de retour d’un voyage en Algérie. Arun raconte sur son blog le récit des deux semaines qu’il a passées en Algérie en mai juin dernier, son « premier voyage là-bas en vingt-cinq ans », ayant vécu à Alger en 1989-1990.
Arun publie sur son blog deux albums photos : le premier d’Alger, où il a passé la majorité de son séjour et le second d’un « road-trip » fait avec un ami algérien à travers l’Est algérien, en passant par Constantine, Batna, les Aurès et Timgad.
Timgad mieux que Carthage
Au sujet de Timgad, il écrit que ce doit être la ruine romaine importante la moins visitée du continent africain, et trouve que Carthage « ne lui arrive pas à la cheville ». De là, les deux amis sont partis vers Biskra via les Balcons de Ghoufi, qu’il qualifie de « l’un des sites naturels les plus spectaculaires que quasiment personne n’a pu voir », l’Algérie n’ayant jamais encouragé le tourisme.
De Biskra, les deux amis sont retournés à Alger en passant par la frontière avec le Sahara, s’arrêtant à Tolga puis passant par les Hauts-Plateaux, avec une brève escale à Bou Saâda.
Cinq commentaires
Après son voyage, Arun a beaucoup à dire mais veut se limiter à cinq commentaires. « Premièrement, le pays est sûr. Et ça se sent. Les forces de sécurité sont partout. Leur présence n’est pas du tout sinistre ou oppressante. Ils sont là pour protéger la population. Et l’État, bien sûr ».
« Deuxièmement, l’Algérie est politiquement stable (et ne laissez personne vous dire le contraire). Il n’y a que très peu, voire aucune chance (…) que le pays vive un effondrement de l’État ou une re-descente dans la violence et le conflit interne comme dans les années 1990. (…) Les Algériens sont traumatisés (…) et ne sont pas près de recommencer l’expérience. La société est conservatrice et pieuse mais il n’y a pas de menace de la part de groupes djihadistes ou extrémistes, qui – à part des groupes armés dans le désert et d’autres lieux reculés – ont été écrasés ou ramenés dans les rangs ». Selon le blogueur, la situation marocaine ou tunisienne est à cet égard plus préoccupante.
En Algérie, écrit-il, « quand le président actuel mourra, une succession ordonnée sera organisée et la vie suivra son cours ».
Troisièmement, poursuit Arun, le statut des femmes s’est considérablement amélioré depuis la fin 1980-début 1990. Les femmes, affirme-t-il, sont présentes dans l’espace public non seulement dans la capitale mais dans les cafés dans des villes comme Batna. La grande majorité porte le voile, mais certaines ne le portent pas et « le djilbab salafiste noir est rare ».
Quatrièmement, Arun note que le pays est entièrement dépendant des hydrocarbures, sans autre dynamique économique, malgré la libéralisation. Mais malgré la corruption, une partie de la rente atteint la population, dit-il, et « il n’y a pas en Algérie de misère extrême comme on en voit au Maroc ». Arun fait remarquer que le pays tout entier semble être en chantier, les nouvelles constructions poussent partout, et constate que les coupures d’eau catastrophiques sont désormais du passé.
Cinquièmement, Arun note un déclin marqué de la langue française, avec une plus jeune génération (moins de 45 ans) qui ne parle quasiment plus français. Cependant, il note aussi que les signes en français sont moins présents (enseignes de magasins, etc) de nos jours qu’ils ne l’étaient fin 1980.
Infos/TSA