L a première édition du « Prix Cheikh Abdelkrim Dali » de musique andalouse s’est ouverte mercredi à Alger avec un spectacle animé par Lila Borsali, Hasna Hini, Dalila Mekkader et Karim Boughazi.
Devant un public nombreux venu à la salle Atlas à Bab El Oued où la compétition est prévue jusqu’au 19 novembre, les quatre artistes ont étalé, près de trois heures durant, des pièces du patrimoine andalou dans ses variantes Hawzi, Aroubi, Andalou et M’dih.
Accompagnés par la vingtaine d’instrumentistes, dont sept musiciennes, formant l’Orchestre Abdelkrim Dali dirigé par Naguib Kateb, les interprètes aux voix limpides ont donné le ton à cette première édition, se surpassant de technique et de professionnalisme.
Enchaînant Noubet Maya à quelques pièces dans le genre Aroubi, Lila Borsali, au charisme imposant et au timbre vocal cristallin, a embarqué l’assistance dans une randonnée onirique.
Intervenant ensuite avec des pièces du répertoire du Cheikh Abdelkrim Dali, Hasna Hini, également au luth, a mené sa prestation d’une main de maître, donnant de l’assurance à l’orchestre qui reprenait les variations mélodiques et rythmiques qu’elle lui indiquait.
Les pièces, « Tal Laâdab biya », « Dja lakhbar mel gherb » dans le genre aroubi, enchaînées à des « M’dihs » ont été brillamment interprétées par Hasna Hini qui a dédié sa prestation, a-t-elle précisé à l’APS, à « Kheireddine Sahbi, un de (ses) musiciens à Paris, victime des attentats de novembre 2015 ».
Etablie à Madrid (Espagne), Hasna Hini, diplômée par ailleurs en musicologie à Paris, a, dès l’âge de huit ans, adhéré à l’Association « Essendoussia », puis « El Inchirah », pour participer comme soliste, alors qu’elle n’a que 15 ans au Festival de Ghaza (Palestine).
Partie à Paris, elle adhère à l’Association « Les airs andalous » et poursuit une formation académique, avant de s’envoler à nouveau pour Madrid où elle perfectionne son art, avec des formations marocaines et gitanes.
Fière de s’être frottée à de grands maîtres comme le regretté Boudjemaâ Fergane, son père Smail Hini et Cheikh Amar Ezzahi, Hasna Hini compte deux CD à son actif, « Min Touratina » (de notre patrimoine-2008) et « Chiaâr Errouh wel Qalb »(Poésie de l’âme et du c£ur-2010).
Dalila Mekkader est à son tour, apparue à la kouitra, avec Noubet Dil et les pièces aroubies et hawzis, « Frag Ghzali », « El Mehna ou Loghram » et »Wahd El Ghoziel » dans un répertoire plaisant qui a suscité du répondant chez le public.
Née en 1965 à Alger, la cantatrice à la voix suave, a débuté sa formation en 1974 à l’Institut national de musique, avant d’intégrer l’Association d’ »El Fekhardjia » en 1981.
Etablie depuis une dizaine d’années à Dubaï aux Emirats Arabes Unies après avoir séjourné aux Etats Unis, Dalila Mekkader promeut dans différentes rencontres le patrimoine andalou « seule et sans orchestre », a-t-elle regretté.
Auteure de trois CD, « Noubet Aroubi Tabaâ Mawal » (2012), « Noubet Maya » et « Hawzi Raml el Maya », produits en 2013, Dalila Mekkader attend « un soutien de la part des pouvoirs publics ».
Karim Boughazi, le seul ténor parmi les cantatrices sopranes, a clos la soirée avec Noubet Raml el Maya dans sa version Sanaâ, donnant une prestation de haute facture, de l’avis des connaisseurs présents au spectacle.
L’ouverture de la première édition du « Prix Cheikh Abdelkrim Dali », organisée par la Fondation éponyme, s’est déroulée en présence des représentants du Premier ministère et du ministère de la Culture.
Des personnalités du monde de la Culture, également présentes, ont pu assister en début de soirée à l’intervention de Dif Fazilet qui est revenue sur la première partie du parcours artistique de Cheikh Abdelkrim Dali (1914-1978), depuis les années 1930 jusqu’à 1945 où il a rejoint Alger.
La première édition du « Prix Cheikh Abdelkrim Dali » qui vise à « découvrir et promouvoir de jeunes talents » se poursuit jeudi avec l’entrée en compétition des candidats Sabah Boulemnakher, Bilal Boustani, Djamel Hazem et Walid Medjadj.