Michael Von Graffenried , « World Press Photo 1989 » le photographe suisse qui a réussi à défier toutes les réalités régnantes durant la décennie noire en Algérie. De la culpabilité d’avoir figé des moments uniques à l’insu de leurs actants, à la création du film documentaire « Guerre Sans Images – Algérie, je sais que tu sais », étant le résultat d’une recherche de pardon auprès des figurants de ses photographies et du lever de voile sur la vérité de scènes capturées à l’aide de son appareil à photos panoramique.
Arrestation d’un suspect, qui sera emmené au poste de police, interrogé, fiché puis relâché.
Michael Von Graffenried nous dévoile ses clichés inédits de la décennie noire en Algérie. Comment a-t-il pu passer inaperçu pendant toutes ces années ?
Une jeune femme de Bouira, en Kabylie, écoute le général Lamine Zéroual, qui s’adresse à la population lors de la campagne électorale de novembre 1995. Il est séparé de son public par un grillage. – http://infoalgerie.info
Meeting du FIS au stade du 20-Août à Alger, lors de la campagne électorale de décembre 1991. Les militants islamistes venus de toute l’Algérie crient des Allah akbar et prient pour l’Etat islamique de demain. – http://infoalgerie.info
Meeting du FIS au stade du 20-Août à Alger, lors de la campagne électorale de décembre 1991. Les militants islamistes venus de toute l’Algérie crient des Allah akbar et prient pour l’Etat islamique de demain. – http://infoalgerie.info
Manifestation du FIS sur la place des Martyrs, à Alger, en décembre 1991. Peu après cette photo, ce petit garçon de six ans, les larmes aux yeux, perdra connaissance sur les épaules de son père.
Le vendredi, la tension règne aux abords des mosquées, Alger, juillet 1992.
Le Front islamiste du salut recrute ses partisans très jeunes et au sein des couches les plus pauvres de la population, décembre 1991.
Meeting du FIS sur la place des Martyrs à Alger, décembre 1991
Pendant un meeting sur la place des Martyrs, à Alger, un membre du service de sécurité du FIS surveille ses propres rangs, décembre 1991.
Trois générations de femmes algériennes à Touggourt, novembre 1991.
Les hommes du pouvoir réunis à Alger pendant les funérailles du président Mohamed Boudiaf, juillet 1992.
L’armée réagit sans pitié contre la terreur fondamentaliste Alger, juin 1992.
La veille de la fête de l’Aïd el Kébir, une rue du quartier Kouba à Alger, juin 1994.
Place des Martyrs à Alger, 1992.
Dès octobre 1991, après la levée de l’état d’urgence, les islamistes firent de la prière du vendredi un manifeste politique. Les forces de la police barrent l’accès à la mosquée Ibn Badis déjà bondée, dans le quartier de Kouba, à Alger.
Le quartier Hussein Dey à Alger, 1994.
Tension dans la rue à Blida, novembre 1995.
« Patriotes » sur le minaret de la mosquée d’Igoujdal, mars 1995.
Fatiha a été défigurée dans un attentat à la bombe. Elle devait se marier, elle n’a jamais revu son fiancé, hôpital Mustapha à Alger, mars 1995.
Couvre feu dans la nuit pendant la campagne présidentielle à Hydra, novembre 1995.
Les dégâts d’un attentat à la bombe dans la cité Garini, la résidence des policiers de la caserne centrale de Léveilly, dans le quartier de Kouba, à Alger, mars 1995.
Attentat à la bombe dans la cité Garini, la résidence des policiers de la caserne centrale de Léveilly, dans le quartier de Kouba, à Alger, mars 1995.
Attentat à la bombe dans la cité Garini, la résidence des policiers de la caserne centrale de Léveilly, dans le quartier de Kouba, à Alger, mars 1995.
Un homme des forces de sécurité algérienne pendant la prière à l’intérieur de la caserne.Ces policiers sont la cible privilégiée des groupes armés. Des graffitis sur les murs d’Alger les accusent d’être des non-croyants et des ennemis de Dieu.
A Blida, la mère de Bouslimani, l’un des leaders du parti islamiste le Hamas, pleure son fils assassiné par des membres du GIA parce qu’il refusait de valider leur appel au djihad, la guerre sainte.
Encouragés par leur mère, ces deux enfants s’adonnent cinq fois par jour aux ablutions et au devoir sacré de la prière.
Un couple d’amoureux qui s’est isolé au bord de la mer, à Sidi Frej.
Sur une plage du littoral algérois, une mère de famille surveille ses filles.
Dans le quartier populaire de la Basse-Casbah, les femmes repèrent tout de suite le photographe, novembre 1995.
Une fête lors d’un mariage, en novembre 1997 : en privé, les Algériennes mettent en valeur leur beauté. Le drame algérien nous fait parfois oublier que la vie continue.
Des agents de sécurité en civil sur l’autoroute de Blida assurent la sécurité de Mahfoud Nahnah, chef du Hamas, lors de la campagne présidentielle de novembre 1995. Il est le seul candidat à avoir participé à un meeting à Blida, une ville réputée très dangereuse.
A la suite des massacres, l’armée a fait l’objet de vives critiques. Face à la flexibilité des groupes islamistes armés, sa pesanteur et l’archaïsme de son matériel la handicapent.
Le général Lamine Zéroual à Bouira, en Kabylie, lors de la campagne présidentielle de novembre 1995.
Après la prière du vendredi à la mosquée Ibn Badis, dans le quartier de Kouba, à Alger, les femmes en djilbab regagnent leurs maisons pour s’occuper du foyer.
Des enfants dans les rues du quartier de Bab el Oued, à Alger. 75 % de la population algérienne a moins de trente ans.
Familles s’échangeant les saha aïdak, les voeux rituels de la fête de l’Aïd el Kébir, juin 1994.
Le rituel du sacrifice pendant la fête de l’Aïd : égorgement d’un mouton à la mémoire d’Abraham et de son fils Ismaël.
Le hall de départ de l’aéroport international d’Alger, un an après l’attentat à la bombe qui l’a ravagé.
Téléthon organisé par la télévision algérienne pour récolter des fonds destinés à la construction de maisons de repos. Des Touaregs, les hommes du désert, se produisent devant le public de la capitale dans le centre commercial de Riadh el Feth, à Alger.
Les consommateurs d’un bar à Alger. Ils regardent, intrigués, sans se douter qu’ils sont pris en photo, l’objectif du panoramique posé sur le zinc.
Jeunes désoeuvrés qu’on appelle les Hittistes (« teneurs de mur »), dans le quartier de Bal el Oued, à Alger.
Jeunes d’Alger rêvant de partir à l’étranger.
Dans la Casbah, un vieux couple revenant du marché aux légumes.
A Alger, place Kennedy, dans le quartier d’El Biar. La baguette, denrée de grande importance dont le prix a été multiplié par dix depuis 1991
Des jeunes filles berbères dans un village sur les hauteurs de la Kabylie. Pour sauvegarder l’héritage berbère, les Kabyles refusent l’application de la loi sur l’arabisation, effective depuis le 5 juillet 1998, qui impose l’arabe comme seule langue officielle.
Bab el Oued, Alger, 1997. Panique d’un policier en civil dont la voiture banalisée est prise dans les embouteillages du quartier de Bab el Oued, à Alger : l’arme au poing, il tente de se frayer un chemin.
Des hittistes, jeunes sans travail qui passent leurs journées adossés aux murs. Dans le café de la plage, les chômeurs débattent de sujets politiques ou vendent des Marlboro importées.
Dans les ruelles de la Casbah, des trabendistes vendent et achètent au marché noir des produits de grandes marques.
Dans la Maison de la presse à Alger, les rédacteurs du quotidien arabophone indépendant El Khabar préparent l’édition du lendemain. Le bâtiment a été la cible d’un attentat à la bombe le 11 février 1996.
Barrage de police dans la capitale.
Commémoration à Azefoune, en Kabylie, en juin 1994, de l’anniversaire de la mort de Tahar Djaout, premier journaliste et écrivain assassiné par les terroristes en mai 1993. Depuis, soixante photographes et journalistes sont tombés sous les balles des terroristes intégristes.
« Un Etat qui accepte que son élite soit dans la clandestinité n’est pas un ETAT » : tel est le cri de détresse et de colère lancé par les intellectuels et journalistes algériens à Azefoune, en Kabylie, lors de l’anniversaire de la mort de Tahar Djaout, juin 1994.
Le jour des funérailles du président Boudiaf, assassiné à Annaba en juillet 1992 par un membre de sa garde rapprochée, la population désespérée est descendue dans la rue pour lui rendre un dernier hommage. Les gens scandaient : « Rendez-nous notre Algérie ! ».
Des militants lisant les derniers bulletins de la direction du FIS, affichés sur les murs de la mosquée el Sunna, dans le quartier de Bab el Oued, à Alger, en avril 1992 ; depuis, le FIS a été interdit. Les prêches se déroulaient alors sous haute surveillance de la police.
Des agents de la police antiterroriste dans la cour de leur caserne. Le pouvoir a investi beaucoup d’argent dans l’achat de matériel antiguérilla et dans la formation des ninjas.
Descente d’une brigade antiterroriste dans un café de Château-Rouge, dans la banlieue d’Alger : les consommateurs sont alignés à l’extérieur, face aux murs. Souvent, les ninjas possèdent des listes avec les noms et les photographies des personnes recherchées.
Dans la plaine de la Mitidja, les arbres en bordure de la route ont été rasés par les militaires pour empêcher les embuscades des groupes islamistes armés contre les convois militaires et les patrouilles de police.
En mars 1995, l’attentat contre la cité Garini, dans le quartier de Kouba, à Alger, ne fit aucun mort mais soixante-neuf blessés ; la voiture piégée a explosé du côté des cuisines, tandis que les familles des policiers dormaient dans leurs chambres de l’autre côté de l’immeuble.
La gendarmerie quadrille les abords de la prison de Serquadji, où une mutinerie de détenus a fait plus de deux cents morts parmi les prisonniers. Le CICR n’étant pas autorisé à visiter les prisons algériennes, on ignore quelles sont les conditions de détention.
Contrôle policier sur une route de la Mitidja.
Un cimetière près de Raïs, en octobre 1997. En une seule nuit, trois cents villageois ont été massacrés par des groupes armés. La plupart des victimes étaient des femmes, des enfants et même des nouveau-nés.
Ouahiba, une jeune fille de seize ans, à Raïs, en novembre 1997. Durant le massacre des habitants du village par des terroristes, son grand-père, égorgé, est tombé sur elle et elle a perdu connaissance. Les agresseurs l’ayant crue morte, elle a survécu au massacre et n’a pas été enlevée pour être violée.
Le cente de Bentalha, après la tuerie du 23 septembre 1997. Les paysans de la Mitidja ne parviennent toujours pas à comprendre ce qui leur est arrivé : il ne reste qu’un profond traumatisme, le désespoir et la peur.
A l’extérieur du stade du 5 Juillet, à Alger, des supporters de football font la prière.
Match de football au stade du 5 Juillet, à Alger.
Des jeunes se font fouiller à l’entrée d’un concert de musique rock, à La Coupole, grande salle de spectacles algéroise.
Un autobus incendié sur une route à proximité d’Alger. Les terroristes commettent aussi des sabotages sur les trains, les usines et les lignes téléphoniques.
Sur les murs de la casbah, des graffitis réclament toujours un état islamique, juin 1998.
Dans la casbah, juin 1998.
Dans le palais de Aziza à la Kasbah, célébration fastueuse d’une circoncision dans une famille aisée d’Alger, mars 1992.
Un couple se promène dans la rue Ben M’Hidi, au centre d’Alger, un vendredi après-midi, 1994.
Pour les partisans du FIS, la multiplication des sans abri et des mendiants est l’effet de la corruption des milieux politiques, Alger, 1992.
Scène de désespoir le jour de l’enterrement de Mohamed Boudiaf, juillet 1992.
La famille de Tahar Djaout dans la maison natale de l’écrivain, à Azefoune, dans les montagnes de Kabylie, un an après sa mort.
Dans la discothèque de l’hôtel El Djazaïr, à Alger, juin 1998.
Jeunes filles en djilbab sur le marché de Belcourt, à Alger. Elles regardent, méfiantes, le photographe dans les yeux sans se douter qu’il est en train de les photographier avec l’appareil panoramique qu’il porte sur le ventre.
Dans la banlieue d’Alger, deux garçons jouent au policier et au terroriste.
Des survivants de massacres ont fui leurs villages de la Mitidja et se sont réfugiés dans les bidonvilles d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger.
Journée internationale de la femme, salle Ibn Khaldoun, Alger, 8 mars 1995.
La grande prière du vendredi devant la mosquée Ibn Badis, dans le quartier de Kouba, à Alger, le lendemain de l’annonce du résultat du premier tour des élections législatives, le 28 décembre 1991. La joie de la victoire ne durera que quelques jours.
Une famille algéroise dans son salon, novembre 1995.
Jeunes dans le quartier de Hussein Dey, à Alger, jouant aux dominos.
Un cadavre trouvé un matin aux abords d’une route à l’extérieur d’Alger.
Un journaliste dans la chambre d’un hôtel protégé par les militaires et situé dans le complexe touristique de Sidi Fredj.
Des ninjas dans la caserne de police de Léveilly, à Alger. Les ninjas, comme les appelle la population, sont des agents de la circulation reconvertis temporairement dans la lutte antiterroriste. Une fois la paix revenue, ils reprendront leur travail de policier.
En mars 1995, à Baraki, dans ce qu’on appelle le « triangle de la mort », les Toyota 4 x 4 blindées des ninjas ratissent les fiefs des groupes armés. Le gouvernement applique sa politique d’éradication.
Au cimetière El Allia, les proches de membres de groupes armés tués par les ninjas. Sur les tombes fraîchement creusées. Les ninjas tués par les groupes armés sont enterrés dans un autre secteur du cimetière, afin que les familles ne se rencontrent pas, on lit leur nom et l’inscription « Martyr pour l’Algérie »
Les dégâts d’un attentat à la bombe dans la cité Garini, la résidence des policiers de la caserne centrale de Léveilly, dans le quartier de Kouba, à Alger, en mars 1995.
Le cimetière des communes de Raïs et de Bentalha reçoit chaque vendredi, les familles des victimes des massacres, novembre 1997.
Les puits de pétrole de Hassi Messoud, en novembre 1997.
Sur la place des Martyrs à Alger, en novembre 1997, des sympathisants du FIS continuent de narguer le pouvoir en portant la barbe et la tenue « afghane ». Plusieurs milliers d’islamistes ont été déportés en 1992 vers les camps de détention au sud du pays, on rejoint le maquis, ont été « éradiqués » ou ont choisi l’exil.
Sources : Infoalgérie