L’Algérie a un répit seulement de trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2018/2020. Dès lors, on ne saurait par des discours démagogiques auxquels plus personne ne croit, voiler le bilan de la situation socio-économique actuelle qui repose essentiellement sur la rente.
Quelle est la situation socio-économique de l’Algérie, en ce mois de septembre 2016 ?
– Selon les dernières statistiques officielles, 94% des exportations relèvent des hydrocarbures à l’état brut et semi brut dont le gaz naturel représente plus de 33/35% des recettes de Sonatrach et sur ces 6% hors hydrocarbures selon 70/75% sont des dérivées d’hydrocarbures, le secteur privé contribuant à moins e un milliard de dollars pour les recettes en devises.
– Environ 83% du tissu économique est constitué de petits commerces/services avec la dominance de la sphère informelle marchande qui contrôle 50% de la superficie économique, l’emprunt obligataire dont la responsabilité incombe à l’ex Ministre qui n’a pas préparé mûrement cette opération complexe, ayant eu un résultat très mitigé vis à vis de l’insertion du capital argent de la sphère informelle, l’essentiel capitalisé provenant de la sphère réelle ce qui a conduit à l’assèchement des liquidités des banques tout en encourageant certaines rentes spéculatives profitant d’un taux ‘intérêt de 5 à 5,75%. Car que représente ce montant, qui est figé dans le temps, devant comptabiliser les déficits futurs 2017/2019, par rapport à un déficit budgétaires de 2016 dépassant 30 milliards de dollars soit plus de 3500 milliards de dinars au cours actuel.
– Le secteur industriel représente 5% du PIB, et sur ces 5%, environ 97% sont des PMI/PME peu innovantes, donc non concurrentielles sur le marché international, non initiées au management stratégique. vivant encore du mythe des schémas anciens dépassés, que quand le bâtiment va, tout va, ou encore de l’ère mécanique, supposant une révolution culturelle de certains responsables, ignorant la quatrième révolution industrielle irréversible qui s’annonce entre 2020/2030/2040, qui faute de stratégies d’adaptation, risque de marginaliser l’Algérie.
-Les recettes de Sontrach à un cours de 60 dollars le baril, la majorité des contrats de gaz dont le prix lui est indexé à long terme expirant entre 2018/2019 sont évaluées à 34 milliards de dollars, déduction des charges de 20% seulement , donnant un profit net de 27 milliards de dollars qui s’ajoutent aux réserves de change actuelles. A 50 dollars, le profit net est de 21 milliards de dollars et à 40 dollars le profit de 15/16 milliards de dollars. Entre 2016/2020, il est utopique de compter sur les exportations hors hydrocarbures (la maturation et la rentabilité tout projet mis en œuvre en 2016, mettant au minimum en Algérie 4/5 ans au vu es contraintes bureaucratiques ) dont les mines (voir nos différentes contributions, investissement lourd et entrée d e devises faibles).
– Le PIB global a une signification limitée, l’important étant sa structure, la croissance économique de ¾% étant tirée essentiellement par la publique dont le BTPH à plus de 70/80%. Au vu des statistiques douanières 2016, le déficit budgétaire y compris les importations n de services et les transferts légaux , le sorites de devises ont été de plus de 75 millibars de dollars en 2014, plus de 63/65 millibars de dollars en 2015 et approcheront les 60 milliards de dollars en 2016. Au rythme de la dépense actuelle, le fonds e régulation des recettes s’épuisera début 2017 et les réserves de change évaluées fin 2016 à 122 milliards de dollars par la banque d’Algérie fin 2016 et 112 milliards de dollars par le FMI, courant 2019/2020.
2- Les huit solutions pour maintenir les réserves de change à 100 milliards de dollars fin 2018 ?
Alors que faire pour maintenir les 100 milliards de dollars, qui tiennent la valeur du dinar car à 10/20 milliards de réserves de change la cotation officielle du dinar ferait à plus de 200 dinars un dollar– Et ce comme annoncé par le premier ministre, courant 2019 c’est à dire une sortie de devises de 22 milliards de dollars entre 2017/2018 soit annuellement 7 milliards de dollars tenant compte donc des rubriques importation de biens/services/exportation et des rentrées annuelles de Sonatrach qui dépendront des cours futurs, dont le gouvernement n’a aucune emprise, durant cette période ?
1.-La première solution, est une moralisation de la vie politique, sociale et économique pour un sacrifice partagé, condition de la réhabilitation du travail source de la richesse de toute Nation, évitant cette distribution de revenus sans contreparties productives et une réelle décentralisation autour de pôles régionaux.
2.-La deuxième solution, est que tout projet doit être pensé par rapport aux normes cout/qualité selon les normes internationales par une lutte contre les surcoûts qui ont pris de proportions exorbitantes parfois 20/30%.
3- La troisième solution liée à la première, est la lutte contre la corruption, l’évasion fiscale et surtout la rationalisation des dépenses publiques mais qui ont une limite quitte à paralyser tout l’appareil productif devant être ciblée.
4.-La quatrième solution, est pour le développement pour les projets structurants notamment dans les infrastructures e la la technique du B.O.T ce qui allégerait à court terme les tensions au niveau du budget devises de l’Etat mais en étant conscient qu’à terme, il y aura transferts des profits
5.- La cinquième solution, est l’assouplissement de la règle des 49/51% (bilan mitigé à ce jour) pour les segments non stratégiques, devant définir avec précision ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, où l’Algérie supporte tous les surcoûts sans que souvent le partenaire étranger ne partage les risques, remplacé par une minorité de blocage.
6-La sixième solution, est une exportation plus accrue des hydrocarbures, dont le prix dépend de facteurs externes à l’Algérie et là attention aux faux calculs comme celui effectué par le Venezuela qui est au bord de la faillite. Mais là, un arbitrage est nécessaire entre la satisfaction du marché intérieur et les exportations posant la problématique des subventions généralisées source de gaspillages et d’injustice sociale alors qu’elles doivent être ciblées. Cela pose la problématique de la transition énergétique et d’un nouveau modèle de consommation reposant sur un Mix énergétique, tenant compte de la forte concurrence internationale. L’Algérie risque d’être un importateur net de pétrole horizon 2020/2015, devant miser sur le gaz et surtout sa transformation, dans le cadre d’un partenariat gagnant/gagnant. C’est que la majorité des contrats à moyen terme expirent entre 2018/2069, devant s ‘aligner sur le marché libre dit marché spot, étant impossible de concurrencer la Russie ( fameux gazoduc Sibérie/ Chine et l’Iran sur le marché asiatique, ne devant plus compter sur les exportations vers les USA qui eux mêmes exportent vers l’Europe, le marché naturel de l’Algérie étant el marché européen.
7.-La septième solution, que j’ai préconisée au gouvernement depuis deux ans, est l’endettement extérieur ciblé à long terme mais uniquement pour les segments à avantages concurrentiels de 30/50 milliards de dollars entre 2017/2020 afin de maintenir le niveau des réserves à 100 milliards de dollars, sinon les prévisions de 60 milliards de dollars de la banque mondiale qui ont été établies, selon mes informations à Washington, à partir des données 2014/2016 de la banque d’Algérie, horizon 2018 sont réalistes.
8- La huitième solution déterminante, la plus pérenne est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques pour paraphraser les experts militaires, devant s’insérer au sein d’une fonction d’objectif stratégique ce qui fait cruellement défaut actuellement, Comme l’a instruit le président de la république, c’est d‘aller vers de profondes réformes structurelles sans lesquelles, l’on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, même avec un endettement extérieur comme solution provisoire, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves à 100 milliards de dollars, la crise risquant de s’amplifier avec d’inévitables tensions sociales.
Professeur des Universités expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL
NB- Interview du Professeur Abderrahmane MEBTOUL à la télévision ENNAHAR Edition politique le 30/08/2016 à 20h30 à la Une – « contrairement aux allégations dénudées de tout fondement, de Mme Louiza HANOUNE secrétaire générale du Parti des Travailleurs , l’Algérie ne connaîtra pas d’implosion sociale à la prochaine rentrée sociale , a un répit de trois années, devant préparer les réformes structurelles pour l’éviter, entre 2017/20206, ayant toutes les potentialités pour surmonter la crise »
– Interview également au quotidien gouvernemental arabophone Chaab 31/08/2016 مبتول يطمئن: للجزائر الإمكانيات لمواجهة الظرف الصعب
-Interview du Pr Abderrahmane Mebtoul radio publique chaîne 1 (01 septembre 2016) concernant la rentée sociale et le discours du premier ministre pour les réserves de change.