Malek Alloula, place l’humanité par-dessus tout dans « le cri de Tarzan »

Malek Alloula, place l’humanité par-dessus tout dans « le cri de Tarzan »

L’écrivain, poète et essayiste, Malek Alloula, place l’humanité par-dessus tout dans « le cri de Tarzan », le texte le plus engagé de cet esprit libre, frère de Abdelkader Dramaturge assassiné par balle en 1994 à Oran    

Un passé feutre un autre, ainsi va la lecture du monde à travers le prisme de l’histoire qui se renouvelle en permanence. On peut lire ce monde de deux façon : par citations ou de suite. Dans le premier cas, on ouvre de temps en temps le livre, on y cueille une pensée, une décor, puis on savoure la convenance, on se l’approprie, on fait de cette lecture la voix même de notre situation ou de notre humour ; dans le second cas, on lit les maximes pas à pas, comme un roman ou un récit : mais du coup, le livre nous concerne tous; il se familiarise jusqu’à l’adopter comme sien, le livre de Malek Alloula s’en résume à cela en revisitant son passé par étanchéité, un assemblage de texte  en neuf nouvelles.

Tout y est, le berceau de son enfance ; au village d’abord, à Oran, ― ville de la jeunesse par excellence, ville où il fait bon à vivre, les derniers Français qui l’ont quittés après 1962 en témoignent, larmes aux yeux, en suite son père, en même temps son instituteur, un gargotier. Et d’autres personnages merveilleusement élégante surgissent alors pour agrémenter sa toile où se projette la mémoire émue et espiègle de Malek Alloula.

Chacune de ces nouvelles écrite d’une façon artistique du terme, quand bien même sobre, elles sont d’un français que l’on peut qualifier volontairement de littérature aristocratique et une écriture née au 17E Siècle dans un groupe qui se tenait directement autour du pouvoir, Malek décrit naturellement et avec une telle aisance l’ambiance, les odeurs, les attitudes, les lieux et les gens d’Oran comme dans un spectacle où tous les spectateurs et spectatrices ébahis et sortent si joyeux.

Son éditeur dit de ce livre : «  Malek Alloula s’interrogeait du passé, ce qui est définitivement révolu. Malek Alloula rejoue des ″scènes primitives″ de sa vie, à Oran et ailleurs comme on jette les dés. Mais sans nostalgie, sans pathos, uniquement des sensations. Une médiation à la fois inquiète et joyeuse sur l’innocence, les mots, la langue et l’absolue nécessité de conjurer l’oublie.»

En claire, c’est du cinéma ambulant des années 50 dans un village d’Algérie, le cri de Tarzan, titre évocateur, puisque l’origine est attribué à l’acteur américain Johnny Weissmuller, dans son film Tarzan s’évade, en 1935.

C’est  la nouvelle, un succulent déjeuner sur un gazon bénit, parcourue avec un fort soupçon d’humour et d’ironie. Malek Alloula transforme un banal fait en un récit pittoresque, varié, qui nous emporte, sans oublier, la mère, serviette à la main et vient sécher le visage de son mari…. La délicatesse est encore plus légère que la mousse…Dans les « gargotes » un seul périple dans les fin fonds de la ville nous entraîne dans une caverne d’Ali Baba… Et beaucoup de tristesse, évoquant Abdelkader, son frère, assassiné par balle en 1994 à Oran

 

Le cri de Tarzan, Malek Alloula, éd, Barzakh, Alger, 2008

Par : Mokrane Maameri

 

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