Zabor ou les psaumes, la fable délirante de Kamel Daoud

Zabor ou les psaumes, la fable délirante de Kamel Daoud

Q uatre ans après la sortie de son premier roman, Kamel Daoud revient avec une nouvelle histoire avec un nouveau roman dans lequel il revisite un autre chef d’œuvre de la littérature : «Les Mille et Une Nuit».

En effet, le récit du roman se déroule dans un village situé au fond fin de la ville, loin des regards indiscrets. Un Village nommé Aboukir, on peut parler de porte du désert ; Ismaël (qui se fera appeler plus tard Zabor), le mal aimé, est orphelin de sa mère et rejeté par son père Sidi-Brahim.  Il vit alors avec on grand-père ataraxique et sa tante Hadjer, une vieille jeune fille, si protectrice, disant une louve qui protège ses petits,  avec qui l’orphelin, Zabor, trouve soutien indéfectible. Elle est la seule à le protéger de ses demi-frères, jaloux de son don, et quel don ! Celui de pouvoir faire reculer la mort par le simple fait d’écrire:

Ecrire, pour Zabor est un moyen efficace pour faire fuir ce que les gens à travers la prière, voire la magie ne peuvent faire et en final arriver au résultat escompter, à savoir contrer la mort. Dans ce roman qu’on peut qualifier volontairement de conte, Kamel Daoud ne va pas sur quatre chemin ou chercher la centralité du narrateur pour savoir dans quel position le mettre. Mais en fait, l’auteur de Zabor, raconte sa propre histoire (Zabor en arabe veut dire « les psaumes », livre sacré révélé à Daoud). Kamel Daoud, dans ce roman, se repose sur trois axes aussi forts que même un écrivain de sa fibre ne pouvait se détourner. Ces trois axes sont : la langue, les femmes et la religion. 

Par exemple : la langue pour ne citer que cet axe. La première langue de Zabor est l’arabe. Il est un brillant élève à l’école coranique Il apprend vite le coran qu’il maitrise à merveille dès la première lecture dont il a du mal à s’en débarrasser. Curieusement, c’est à la découverte d’un vieux livre, usé, abimée et jaunie par le temps qui va permettre à Zabor d’éprouver ses premiers émois l’expérience enivrante, quasi charnelle de la découverte d’une nouvelle langue. A  l’aide de ce nuancier sémantique qui s’offre à lui. Le français devient alors pour lui la langue du désir, du corps et de la sexualité. Il constitue ainsi son nouveau dictionnaire, qui définira son style. Zabor tombe, désormais, amoureux de la langue Française et à travers duquel il deviendra écrivain.

En conclusion : L’auteur s’insurge au fil du récit, le fanatisme et l’intégrisme. Mais aussi l’hypocrisie adjacente des habitants de ce village et du père de Zabor, qui dans son dernier souffle fait appel à des fins turpides, à ce fils honni et abhorré, car la superstition est plus forte que la morale

« Je me souviens que j’ai ressenti une joie sale à voir mon père me suivre discrètement du regard les quelques secondes où il s’est réveillé sur son lit, remué par les sueurs, creusé par l’agonie. Incapable de parler mais hurlant de tout son être son espoir fou et sa colère contre l’indignité infligé par la maladie ». p. 97

Zabor ou les Psaumes, Kamel Daoud, Ed, Actes Sud, 2017) 336 pages

Par : Mokrane Maameri, Écrivain

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