Afrique du Nord: une croissance moyenne de 5,5% attendue en 2018, selon la BAD

Afrique du Nord: une croissance moyenne de 5,5% attendue en 2018, selon la BAD

La sous-région de l’Afrique du Nord a réalisé une croissance économique de 3,7% en 2017 et devrait voir son PIB croître de 5,5% en 2018 et de 4,5% en 2019, selon un nouveau rapport élaboré par la Banque Africaine de Développement (BAD), rendu public lundi.

Intitulé « Perspectives économiques en Afrique du nord 2018 », ce rapport, premier du genre élaboré par la BAD sur la sous-région Afrique du Nord, souligne cependant le faible impact de cette croissance sur la création d’emploi.

Le rapport a été présenté lors d’une vidéo-conférence tenue au siège du bureau régional de la BAD à Tunis et suivie en direct par l’ensemble des bureaux des pays de l’Afrique du Nord dont le bureau d’Alger, où des journalistes, représentants d’ambassades et cadres de la Banque ont été conviés pour participer aux débats autour du rapport, en présence du Représentant résidant de cette banque régionale à Alger, M. Boubacar Sidiki Traore.

Le document analyse les performances macroéconomiques de la région, ses perspectives pour 2018 et 2019 et accorde une importance particulière à la production agricole et son impact sur la sécurité alimentaire, la pauvreté rurale et la création de la valeur ajoutée dans la région.


L’économiste régionale de la BAD à Tunis, Mme Assitan Diarra-Thioune a d’abord noté que l’amélioration de la croissance dans cette sous-région en 2017 a été tirée par « une amélioration de la croissance mondiale, une reprise des cours des matières premières, un record de la production agricole en plus d’une meilleure gestion macro-économique dans ses pays (Algérie, Egypte, Tunisie, Libye, Maroc et Mauritanie) ».

Grâce à ces performances, l’Afrique du Nord s’est classée en 2017 deuxième après l’Afrique de l’Est en termes de taux de croissance économique en Afrique.

« La région se porte globalement bien », a-t-elle commenté en notant que quatre pays sur les six que compte cette sous-région, ont tiré sa croissance. Il s’agit respectivement de l’Egypte, la Lybie, le Maroc et l’Algérie.

Cependant, les transformations structurelles escomptées peinent à se concrétiser et les économies des pays concernés restent peu diversifiées, même si l’Egypte, le Maroc et la Tunisie ont relativement réussi à diversifier leurs ressources, a noté l’économiste.

 

-Une croissance qui génère peu d’emplois–

 

Faisant ainsi remarquer que la croissance réalisée reste fragile et volatile car générée essentiellement par l’exportation de matières premières dont les cours dépendent du marché international, l’économiste de la BAD a souligné que cette croissance, bien qu’elle soit nettement supérieur à celle réalisée à travers l’ensemble du continent, ne semble pas en mesure de créer suffisamment de postes d’emplois.

Avec un taux de chômage « artificiellement bas », autour de 9 à 10% en moyenne, l’Afrique du Nord enregistre en effet un taux de chômage « très élevés » chez les jeunes, autour de 30% en moyenne, a-t-elle argué.

Afin d’accélerer leurs transformations structurelles, la BAD préconise aux pays de la région, poursuit Mme Assitan Diarra-Thioune, d’éviter le recours à des politiques budgétaires expansionnistes tout en travaillant pour améliorer l’efficacité de la dépense publique, en élargissant l’assiette fiscale et en adoptant des politiques de change adéquates.

De telles réformes devraient restaurer les équilibres macro-économiques de ces pays dans deux ou trois années, prédit-elle.

Evoquant l’Algérie, elle a notamment salué les « efforts initiés pour cibler les subventions de manière plus rigoureuse » en estimant que cette démarche s’inscrit pleinement dans le processus de maitrise de la dépense publique.

A rappeler qu’en mai 2017, la Banque avait exprimé sa « très grande satisfaction » quand à la concrétisation des réformes économiques en Algérie en s’engageant à renforcer ses financements au profit des programmes d’investissements pour aider le pays à concrétiser la mise en oeuvre du nouveau modèle de croissance.

A propos de la sécurité alimentaire dans la région, le rapport met l’accent sur l’utilité d’adopter une stratégie agricole sous régionale.

« Si les pays de l’Afrique du Nord s’unissaient pour négocier ensemble sur le marché international des prix de matières premières agricoles comme le blé par exemple ils vont pouvoir casser les prix et profiter d’importations moins chères », a proposé la représentante de la Banque.

Elle a également préconisé, dans le même sillage, de mettre en place des systèmes de protection sociale qui ciblent spécialement les pauvres en milieu rural.

Lors des vidéo-débats qui ont suivi la conférence, un économiste du bureau de la Bad à Alger s’est interrogé sur les raisons de la déconnexion qui existe entre la croissance et l’emploi en Afrique du Nord.

Mme Assitan a expliqué que la réduction du chômage nécessitait une croissance économique supérieure à 4% sur au moins une décennie et non pas sur une année ou deux.

De son côté, le ministre tunisien du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, M. Zied Laadhari, présent à la conférence, a soutenu que les secteurs qui génèrent la croissance ne sont pas forcément ceux qui créent de l’emploi. A titre d’exemple, le secteur de l’Energie crée une forte valeur ajoutée mais peu d’emploi, alors que le secteur agricole crée énormément d’emplois mais dans l’informel, a-t-il fait remarquer.

Il y a ensuite cette « inadéquation » entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi dans les pays de la région, a-t-il observé en recommandant de réformer le secteur de l’Education pour qu’il puisse  produire des profiles « employables » sur le marché.

A rappeler que la BAD avait présenté en janvier dernier à Abidjan (Côte d’Ivoire) l’édition 2018 de son rapport annuel phare intitulé « Perspectives économiques en Afrique » qui analyse l’état de l’économie pour chacun des 54 Etats africains.

Et pour la première fois, la Banque a préparé cette année des rapports portant sur chacune des cinq sous-régions du continent.

Pour l’Algérie, le portefeuille de la BAD comprend 12 opérations pour une enveloppe globale de 724 millions d’unités de compte (environ 1,07 milliard d’euros) comportant onze (11) opérations d’assistance technique pour un montant de 9,1 millions de dollars et un prêt de 900 millions d’euros  décaissé en décembre 2016.

La BAD, créée en 1964 pour contribuer au développement économique de des pays africains, compte 80 pays membres formés de 54 pays africains et 26 non africains.

L`Algérie est parmi les pays fondateurs de cette institution dont la capital dépasse actuellement les 100 milliards de dollars.

Détenant 4,2% des actions de cette banque, l`Algérie est le quatrième actionnaire parmi les pays africains et le septième dans le classement général des pays membres.

APS

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