Rencontre avec Bilel Allem, réalisateur du film d’animation « Ronaldo »

Rencontre avec Bilel Allem, réalisateur du film d’animation « Ronaldo »

P assionné depuis toujours par le dessin, Bilel Allem s’est naturellement tourné vers le cinéma d’animation quand il s’est agi de réaliser son film de fin d’études pour son école de l’EMCA (Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation) d’Angoulême. Avec Ronaldo, le franco-algérien de 23 ans nous livre un subtil court-métrage où l’innocence palestinienne, sur fond de rêveries footballistiques, est assassinée.

 Pourquoi avoir choisi de traiter de la Palestine?

Je suis touché par tous les conflits, toutes les guerres, toutes les formes d’injustice. En Juillet 2014, j’ai entendu qu’en Palestine des enfants avaient été attaqués par l’armée israélienne. J’ai ressenti une incompréhension énorme face à  cette injustice. Pourquoi des enfants ? Quel intérêt ? Quel but ? Je ne comprenais pas l’objectif d’une attaque dirigée contre des enfants, le symbole même de l’innocence.C’est ce genre de ressenti et de questionnement qui m’ ont poussé à vouloir travailler sur la guerre, et notamment sur la Palestine.

Vous avez privilégié le film danimation. Pour quelles raisons?

 L’animation est la technique principale de mon cursus. Même si on étudie beaucoup d’aspects du cinéma d’animation, je reste accroché au dessin. J’avais vraiment envie de faire un film tout au papier et au crayon. Avant d’entrer à l’EMCA, je n’avais presque jamais touché à l’animation. Deux ans plus tard, dans le cadre du projet de fin d’études, j’ai eu l’occasion de réaliser un film pendant une année entière. J’en ai profité. J’aime la BD, l’illustration et les autres formes d’expression liées à l’image mais avec l’animation, il y a un feeling particulier !

Au delà de la technique, cela permet énormément de choses. C’est la liberté totale !

Quelles idées avez-vous voulu faire passer dans votre court métrage ?

 Avant tout, j’ai voulu travailler sur l’enfance. Sur la beauté de l’enfance, sa capacité à rêver, à  s’évader même dans un contexte très fermé et hostile comme la guerre. C’est ce contraste que je voulais transmettre aux spectateurs.C’est ce décalage énorme que j’ai ressenti lorsque ces enfants ont été bombardés en 2014. Ronaldo annonce le contexte dans lequel vivent et meurent ces enfants de la guerre. J’ai voulu parler d’eux, les rendre visibles. Beaucoup de personnes ayant vu le film n’avaient jamais entendu parler de cette histoire.

Les personnages principaux sont des enfants. Etait ce pour rendre encore plus percutant le message du film?

 Le sujet m’imposait de mettre en scène des enfants car ce sont les personnages principaux du fait réel que je raconte. Après, ça me fait vraiment kiffer d’avoir des enfants en personnages principaux. Mon premier film Papillon! (https://vimeo.com/142728442) mettait aussi en scène un enfant, qui ressemble d’ailleurs beaucoup au personnage principal de Ronaldo. D’une certaine manière,Papillon m’a servi d’ébauche.Je dirais que c’est surtout la façon de les mettre en scène qui rend le film percutant. J’ai vraiment voulu insister sur cette naïveté de l’enfant.Quand par exemple, il confond réel et fiction devant le mur en s’imaginant que le graffiti peut vraiment fissurer le mur. A coté de cela, on a la figure du soldat qui est animée avec de la peinture, comme tous les éléments militaires, et qui se déplace de manière très saccadée afin de contraster au maximum avec les enfants. Aucune parole ne sort de la bouche du soldat.Je voulais quelque chose de déshumanisé à coté d’enfants plein de vie!

 

Le football et le joueur Ronaldo apparaissent en arrière plan dans le scénario. Y a t il eu une volonté de votre part dessayer de parler à  tout le monde grâce au sport le plus populaire au monde?

 Au départ, c’était pas pour élargir l’audience. Je voulais montrer que les enfants s’évadent comme ils peuvent. Qu’ils s’imaginent que tout est possible, même ressembler à  Ronaldo ! Je me souviens que vers 8 ans, j’avais écrit Beckham au dos d’un t-shirt blanc. Je voulais vraiment tirer les coups-francs comme lui.J’ai pensé que partout sur la planète les enfants rêvent de ressembler à Ronaldo.Après, c’est sûr qu’en appelant mon film « Ronaldo », je m’attendais à ce que cela parle à un plus grand nombre. Si je l’avais appelé « Les enfants de la Palestine », cela aurait limité pas mal de choses.

Esperez vous que CR7 puisse un jour voir votre film?

 Ce serait top !! Surtout s’il décide de le partager. Je sais qu’il est assez sensible à ce genre de causes, et qu’en 2016, il avait rencontré un enfant palestinien rescapé.J’imagine que le film peut le toucher.

 

Entretien réalisé par Nasser Mabrouk

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