L’Algérie peut-elle réussir à l’Export ?

L’Algérie peut-elle réussir à l’Export ?L’Algérie peut-elle réussir à l’Export ?

L es exportations hors-hydrocarbures sont devenues le nouveau totem de la politique économique algérienne. Il est indispensable de rappeler que les exportations hors-hydrocarbures représentent à peine 5 % du volume totale des exportations du pays. Pour autant, les entreprises algériennes sont-elles prêtes à affronter les marchés internationaux. Etat des lieux…

L’absence de diplomatie économique

Pris de cours par la nécessité absolue de diversifier les sources de revenus, les autorités algériennes ont décidé – ces derniers mois – de donner la priorité aux exportations. Ce nouveau choix politique – décidé dans l’urgence – donne le sentiment de l’impréparation. En effet, mettre en œuvre une stratégie pro-exportation demande en amont de réaliser un diagnostic précis de la situation et d’agir en privilégiant une vision de long terme.

Parmi les points faibles de l’Algérie, nous pouvons tout d’abord évoquer l’absence de diplomatie économique. Rare sont les occasions où le ministre du commerce M. Bakhti Belaïb fait la promotion des entreprises algériennes à l’étranger. De plus, les ambassades qui constituent souvent les bras armés des entreprises à l’export ne sont pas formées à l’accompagnement à l’international. Pour chaque pays, ces ambassades devraient compter dans leur rang un expert marché à même de renseigner et d’orienter les entrepreneurs. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Cette absence de diplomatie économique n’est pas un obstacle insurmontable, en Afrique, l’Algérie bénéficie d’un capital sympathie important qui lui permet de contourner ce problème mais cette absence de diplomatie économique est préjudiciable pour prétendre s’attaquer à d’autres marchés plus exigeants.

Réformer et S’internationaliser

L’autre axe de développement serait de réformer Algex – la structure dédiée à la promotion du commerce extérieur – en créant un guichet unique à l’export sur le modèle de Business France. Associer les chambres de commerces et les entrepreneurs à cette réforme est indispensable. Une stratégie à l’export demande de lourds investissements  et l’enveloppe de 50 millions de dollars allouée par l’organisme public pour la promotion des exportations est largement insuffisante.  Par ailleurs, il faut créer un environnement favorable à l’export tant sur le plan bureaucratique que logistique. Aujourd’hui, les problèmes de conditionnement et de transport font que seul 3 % de la production nationales de dattes sont exportés annuellement.

L’absence de stratégie collective

Chacun des acteurs de l’export en Algérie  donne l’impression de jouer sa partition en solo. Cette absence de stratégie collective est préjudiciable, en effet, chasser en meute est  l’une des clefs du succès à l’international. Jouer collectif est indispensable si les entreprises algériennes veulent réussir à l’export. Le travail de structuration des filières doit aussi être poursuivi et il faut mettre le paquet sur celles qui présentent un réel potentiel à l’international.

Le « made in Algeria » n’imprime pas

Si les politiques ont une responsabilité dans la difficulté à exporter des produits algériens, toute la responsabilité de cet échec ne leur incombe pas exclusivement. Les chefs d’entreprises n’ont pas su rendre leurs produits attractifs et compétitifs, un immense travail sur le plan de la communication et du marketing doit être réalisé. Les entreprises algériennes doivent innover sur le produit et toutes ses composantes (design, packaging, publicité). Une montée en gamme du produit algérien est indispensable. Enfin, la promotion du label « made in Algeria » doit être poursuivi et le processus de labellisation des produits accéléré.

Des initiatives à encourager

Sur le front de l’export, de nombreuses initiatives voient le jour, par exemple, en Côte d’Ivoire, le comptoir commercial Algérien à Abidjan est une franche réussite. Un salon dédié à l’export sera également organisé en mai prochain en marge de la Foire International d’Alger. Plus que jamais, ces actions intéressantes doivent être encouragées car l’export est avant tout une affaire d’entrepreneurs et de spécialistes issus du secteur marchand.

Encourager l’export est plus que jamais indispensable mais il ne faut pas attendre de résultats spectaculaires de cette nouvelle politique. Inculquer une culture export aux entreprises algériennes est un processus qui prendra  du temps.  Même si l’Etat peut impulser une dynamique à l’export, le dernier mot reviendra aux entrepreneurs. D’eux dépendra la réussite ou l’échec de cette stratégie d’internationalisation.

Fouad Kemache est fondateur de MENA consulting, Société d’Accompagnement à l’International spécialisé sur le Maghreb et les pays du Golfe.

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