U n vibrant hommage a été rendu mercredi à la femme rurale algérienne pour son rôle « important et déterminant » dans la Guerre de libération nationale lors d’une conférence-débat organisée à Bouira par l’association Machâal el-Chahid à l’occasion de la Journée du Chahid célébrée le 18 février de chaque année.
« La femme rurale algérienne a joué un rôle majeur dans le succès de la Révolution nationale contre l’occupant en prenant à cœur ses différentes responsabilités. Elle fut également un soutien puissant pour l’époux, le frère, le fils et tous les membres de la famille qui prirent les armes contre les forces coloniales », a souligné Mohamed Lahcen Zghidi, enseignant d’histoire à l’université d’Alger.
Aux côtés de l’homme, les femmes, en campagne, ont réussi en effet à constituer un élément opérationnel dans la rupture du blocus dans lequel l’armée coloniale voulait enfermer les moudjahidine. « Sa contribution fut très importante à travers les tâches qu’elles accomplissaient pour les besoins de la guerre », a-t-il ajouté lors de cette conférence tenue en présence de centaines de lycéens.
« La montagne a été le berceau et le fief de la Révolution algérienne, où la femme rurale fut un élément indispensable pour toutes les opérations de combat contre l’ennemi », a-t-il ajouté.
Des témoignages sur ce sujet ont été livrés lors de cette rencontre par deux anciennes moudjahidate Kamla Zohra de Kadiria et Amar-Khoudja Zina de Bouira.
Prenant la parole à cette occasion, la moudjahida Zina est revenue sur l’engagement total des femmes rurales au service de la Révolution sacrée, au niveau de la Wilaya III historique, précisément dans une zone montagneuse entre Bouira et Tizi Ouzou.
« Durant les années 1957-1958, nous étions un groupe de quatre jeunes filles qui menaient diverses tâches souvent dans des conditions difficiles pour assurer la restauration et l’hébergement des moudjahidine de passage ».
« D’autres de nos sœurs habitant sur les hauteurs de Haizer étaient plutôt chargées de suivre les mouvements de l’ennemi colonial dans la région tout en restant en contact permanent avec les moudjahidine », se souvient la moudjahida Zina Amar-Khoudja.
Celle-ci a tenu à souligner les efforts consentis par les femmes rurales, leurs sacrifices pour transporter, moudre et entreposer le blé destiné à la fabrication du pain pour les maquisards. Idem pour la production de l’huile d’olive et son stockage dans les jarres, a-t-elle ajouté avant de rappeler également les difficultés rencontrées parfois par les femmes dans la préparation du pain et des repas, qui sont ensuite transportés aux casemates pour être distribués aux moudjahidine de la région.
Quant à la moudjahida et fille de Chahid, Kamla Zohra, elle est revenue sur les moments d’atrocité qu’elle a vécu dans un centre de torture à Kadiria lors de la guerre de libération nationale. « Une de mes compagnes de cette zone et moi fumes arrêtées par les soldats français après avoir été suspectées de soutien à la Révolution. Ils nous ont emmenés dans un centre de torture au centre de Kadiria, où ils nous ont fait goûter toutes sortes de tortures pour tirer des renseignements sur les moudjahidine. Et aujourd’hui, nous portons toujours ces séquelles qui resteront le témoin d’un passé révolutionnaire dur », a-t-elle dit.
A la clôture de cette rencontre, le wali de Bouira Mouloud Chérifi et autres responsables de la wilaya ont honoré ces deux moudjahidate.
Cette rencontre a pour « objectif de sensibiliser les écoliers et les lycéens sur l’importance des sacrifices consentis par nos mères et sœurs pour la libération de notre cher pays du joug colonial », a indiqué le président de l’association Machâal al-Chahid, organisatrice de l’évènement.
APS